Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 mai 2013 5 10 /05 /mai /2013 17:20
« Avant toi » de Jojo MOYES

Auteur : Jojo MOYES
Genre : Roman
Éditions : Mira
Année : 2012
Nombre de pages : 478
ISBN : 978-28112010014

 

Quatrième de couverture :


Lou est une fille ordinaire qui mène une vie monotone à souhait. Quand elle se retrouve au chômage, dans ce trou paumé de l'Angleterre dont elle n'est jamais sortie, Lou accepte un contrat de six mois pour tenir compagnie à un handicapé. Malgré l'accueil glacial qu'il lui réserve, Lou va découvrir en lui un jeune homme exceptionnel, brillant dans les affaires, accro aux sensations fortes et voyageur invétéré. Mais depuis l'accident qui l'a rendu tétraplégique, Will veut mettre fin à ses jours. Lou n'a que quelques mois pour le faire changer d'avis.

 

Mes impressions :

 

Prologue : Nous sommes en 2007 Will Trainor et Lissa s’apprêtent à passer leurs premières vacances ensemble; mais Will a un dramatique accident qui le laissera tétraplégique. Fin du prologue.
Nous nous retrouvons en 2009, dans la famille de Louisa. Elle a une sœur Treena qui a un fils Thomas, ses parents Josie et Bernard ainsi que leur grand-père vivent tous dans la maison parentale.

Lou a 26 ans, son petit ami Patrick ne jure que par le sport et plus particulièrement par la course à pied et il en oublie parfois Louisa, leur vie est plutôt monotone.
Treena et Lou ont deux caractères opposés. Si Lou a l'intelligence du cœur, elle a aussi un caractère impulsif et elle est émotionnelle. Treena est plus dégourdie et plus réfléchie.
Lou vient de perdre son boulot, elle était serveuse dans un snack bien sympathique. La vente de ce dernier la contraint à trouver un autre emploi. Elle sera la seule de la famille à rapporter un salaire puisque son père vient également d'être licencié.
En parcourant les petites annonces et en se rendant à l'ANPE, elle trouve bientôt un emploi d'aide à domicile. Elle sera embauchée par Steven et Camilla les parents de Will 35 ans, tétraplégique. Ils tentent de lui rendre un peu de sérénité. Will a décidé de mettre fin à ses jours il ne supporte pas d'être dans cette situation alors qu'avant il était sportif, homme d'affaires et aimait les voyages. Il ne peut plus rien décider de sa vie et reste dépendant de tierces personnes En Suisse le suicide assisté est toléré. Ses parents désespérés lui demandent d'attendre 6 mois avant de prendre une décision irrémédiable. Eux-mêmes souffrent de la décision à prendre.La mère de Will a embauché Lou que Will ne tente pas à nouveau de mettre fin à ses jours. Ainsi Will est en quelque sorte placé sous surveillance de Lou. Elle croit qu'elle a été embauchée seulement comme aide-soignante, auxiliaire de vie. Elle comprendra la réelle motivation de Camilla bien plus tard.
La première rencontre entre Will et Louisa est froide, Will aigri est sarcastique et ne semble pas accepter sa présence. Il ne l'accueille pas les bras ouverts. Malgré tout, Lou persiste à essayer de lui procurer un peu de joie et de soutien.

L' infirmier à domicile Nathan est un homme bon et généreux, lui et Will entretiennent une relation basée sur la confiance.

Avec son naturel Lou apporte un peu de gaieté, d’inattendu, de légèreté dans la vie de Will. Au bout d'un mois Will commence à rire, sourire et même converser. Mais son mal de vivre est tenace ; Est ce que le soutien de Lou et ses tentatives pour le divertir, lui faire accepter son état seront suffisants? Car être dans un fauteuil n'est pas la seule contrainte...Au quotidien il y a la souffrance physique et psychique, les infections récurrentes, les douleurs.

Deux solitudes se rencontrent, vont-elles se compléter ?

Et qui peut décider de ce que doit être le degré de qualité de vie d'une personne ?
Au contact de Lou, Will devient moins autoritaire il s'ouvre à elle. Leur complicité qui s'installe peu à peu est source de plaisir pour tous les deux. Ce roman n'est en rien larmoyant mais vrai sincère touchant ; il est intense et raconte le quotidien de personnes en (grande) souffrance. L’auteur a magnifiquement suggéré les difficultés existentielles respectives
Malgré la dureté de la situation de Will, il se dégage de ce roman une certaine douceur.

En avançant vers le dénouement, l'auteur donne aux principaux personnages la parole dans des chapitres respectifs. Ils expliquent leurs ressentis, leur version et leur sentiment d'un moment donné et vécu.

La vie qu'il mène après l'accident, sa dépendance oblige Will à être assisté s'il souhaite mettre fin à ses jours, il en est conscient et demande à sa mère d'être celle qui aura ce geste ultime. Est-ce supportable pour une mère ? N'est-ce pas égoïste de la part de Will de lui demander d'être complice d'un tel acte qui l'habitera toute sa vie durant ? Mais sommes-nous en mesure de jauger et de se mettre à la place de Will?
Pendant les deux derniers mois, Lou peut compter sur l'aide de sa sœur Treena pour l'aider à trouver ce qu'il faut faire pour que Will reprenne le dessus, et s'aperçoive qu'il n'est pas le seul tétraplégique sur terre et que d'autres ont appris à faire avec. Elle lui explique qu'iI n'est pas impossible de mener une vie différente tout en faisant du sport et autres choses. Arrêter de s'apitoyer est une raison indispensable pour surmonter le handicap.
Peu à peu Lou change les idées de Will, qui si au début il était froid et caractériel parfois même cynique il se métamorphose par la suite. Leur relation devient profonde, se modifie, devient plus intime, plus intense. Ils se confient et s'entraident.
Qui de Will ou de Lou a plus besoin de l'autre ? Lequel est le plus communicatif ? Will face à l'existence et à ses possibilités limitées ou Lou avec sa vie étroite et monotone avant de rencontrer Will.
Tous deux tentent chacun leur tour de faire reconsidérer la vie de l'autre.
Les personnages sont vrais, entiers, justes. Pas de pathos mais un regard juste sur les conséquences morales, physiques et psychologiques que doit supporter un tétraplégique, une personne privée de ses 4 membres supérieurs et inférieurs.

Nous lecteurs nous nous battons avec eux avec cette famille, on y croit, on est déterminé comme l'est Lou, courageuse persévérante, elle garde confiance, elle est magnifique dans son rôle ; elle restera sans doute inoubliable bien des mois après avoir refermé ce livre déchirant.
Beaucoup d’émotions et de réflexions intelligentes sur le doit de mourir, sur le droit d'être assisté rendent ce roman intéressant sur le plan humain mais aussi dérangeant. La mère de Lou ne comprend pas la décision de la mère de Will
Le style est beau, agréable parce que fluide, on sent le vécu, les craintes et les espoirs de chacun des personnages.

Que l'on soit romantique ou pas, ce mélodrame bien construit nous embarque et suscite des émotions troublantes.
Cette histoire est émouvante et m'a fait monter les larmes aux yeux ! Ce roman a quelque chose de magique et de dramatique.
Un réel coup de cœur pour moi !
À lire absolument !

 

Partager cet article
Repost0
2 mai 2013 4 02 /05 /mai /2013 09:21
« Amazones » de Raphaëlle RIOL

Auteur : Raphaëlle RIOL
Genre : Roman
Éditions : La brune au rouergue
Année : 2012
Nombre de pages :  200
ISBN : 978-2812604577


Quatrième de couverture :

Fin d'été au Repos-fleuri, une maison de retraite où de vieilles dames survivent à leurs époux défunts. Parmi elles, Alphonsine, 89 ans, assise par hasard à côté d'Alice, 30 ans, une jeune femme venue rendre visite à sa grand-mère.
Contre toute attente, la vieille et la jeune se découvrent quelques points communs inattendus, dont le refus de la résignation et le sens de la révolte. Deux femmes qui aiment cultiver le féminin singulier et la ligne de fuite... Dans ce deuxième roman, Raphaëlle Riol confirme son talent libre. Dans ce roman ironique, elle nous embarque à grande vitesse à la suite de deux Amazones modernes dont la seule alternative pourrait être de devenir des Madame Bovary ou de tuer.

Mes impressions :

Alice est-elle logique ? : elle voit les maisons de retraite comme des mouroirs. L'espérance de vie augmente mais dans quelles conditions vivent les plus âgés ? isolés, malades, grabataires, incapacité de faire des activités....
L'ironie est grinçante quand on sait que même si l'espérance de vie augmente cela n'empêche pas la dégradation du corps, cette réalité est énoncée à peine voilée. Vivre plus longtemps oui mais seulement si on reste en bonne santé et en bonne forme.
L'auteur nous délivre un autre regard sur la vieillesse ici réaliste et sans langue de bois.
L'histoire au départ est simple, Alice va voir sa grand-mère à la maison de retraite.
Lors d'un repas ensoleillé long et ennuyeux avec les résidents elle rencontre Alphonsine assise à côté d'elle, une vieille dame pragmatique, révoltée, non résignée.
Toutes deux décident de s'échapper quelques jours. Elles fuient leur environnement. Alice embarque Alphonsine dans sa voiture, direction la maison familiale. Une escapade quasi improvisée qui les mènera du Havre, à Loupiac en Gironde, puis à Marseille, avant un retour à la case départ.
Peu à peu nous découvrons qui sont ses deux femmes à travers leurs pensées, leurs vécus, leur caractère. Elles se racontent tour à tour dans les chapitres, l'une après l'autre.
Ces deux solitudes qui se rencontrent feront par la suite étoffer respectivement le cercle de connaissance de l'autre.
Jean Bernard Cavalier collègue de travail d'Alice, il est son binôme de travail. Elle ne le supporte plus. D'ailleurs elle a donné sa démission.
L'ami (fiancé) d'Alice  Robin est décédé de façon inattendue et surprenante
D'autres personnages apparaissent, il y a Max le voisin de la campagne de Loupiac. Il est le seul homme qui ne sera pas critiqué par les femmes du roman.
Alphonsine souhaite retrouver ses copines du «club des amazones», elles sont des mamies, vivantes, remuantes, et ne se laissent pas ennuyer par les hommes de leur vie. Elles ont décidé de prendre le dessus sur eux.
Chaque personnage nous livre de son vécu, de son histoire personnelle les grandes lignes de son existence, celles qui l'a marqué.
Les femmes sont toutes révoltées, insoumises et refusent de ressembler à Madame «Tout le monde»
Alphonsine est une épouse frustrée et elle a même été l'amante d'un boucher. Ces propos sont remplis de haine et de révolte pour son mari qui ne la respectait pas...puis des hommes en général.
Derrière ses airs de «dure» Alice est une jeune femme en rébellion mais fragile, elle s'est automutilée à 17 ans et dit se réjouir de la mort de son amant. Elle a des relations tendues avec notamment sa soeur, femme rangée mère irréprochable épouse parfaite
Alice a peur de grandir parce qu'elle a peur de perdre l'innocence et entrer dans un monde hypocrite et malveillant, celui des adultes
Une part d'elle-même restera éternellement en enfance.
Alors que tout le monde s'accorde pour dire que la vieillesse égale dépendance ici nos mamies amazones sont libres, contre la résignation la «végétation».
L'humeur est morose, mais nos mamies ne s'embarrassent pas de peines inutiles, elles agissent, elles vivent à fond et refusent les clichés sur l'âge avancé et son lot de limites.
Les personnages sont attachants, de par leur singularité, leur naturel leur blessure, leur énergie parfois mal utilisées
Alice et max le voisin campagnard dévoile leur pensée, raconte leur joyeuse ou peu gaie, leur peine, leur joie. Max est sensible et apporte donc de la douceur, de la poésie et de l'amour. Lui construit des totems à l'image de la vie et de l'âme des personnes....

Le roman est une suite de réflexions, maximes parfois philosophiques, d'observations cassantes, et de confessions parfois pénibles.
Sont présentes beaucoup de métaphores surprenantes voire cruelles, cocasses notamment entre le cochon et le porc de mari de Joséphine
Alphonsine dit «longtemps que je n'étais plus sa "colombe" mais plutôt sa pigeonne, ou plutôt la dindonne de sa farce abjecte» ou
«on affronte ses peurs dès lors qu'on accepte d'y renoncer».
Ce roman démontre que la vieillesse est synonyme de temps qui passe, laissant des signes sur le corps, sur l'âme mais on peut retarder les effets dévastateurs en restant alerte, enjouées et lucides.

Frais vivifiant, inquiétant même, délicieusement ironique, féministe et drôle ce roman est un road movie Français !
L'écriture est poétique, sensible. Le roman parle des destins de femmes qui ne se veulent pas fatalistes.
Il est dynamisant ;  il dresse des portraits de femmes (soeurs, amies, mères) plus ou moins, enthousiastes, soumises On les découvre avec leur rapport à l'homme : pour les unes la révolte domine, pour d'autres c'est la satisfaction béate, ou encore la soumission ! D'autres n'aspirent qu'à la liberté.
Les propos sont parfois crus, violents, sans concessions pour la gent masculine parce que les personnages principaux règlent leurs comptes avec les hommes !

Les lecteurs machos et fiers de l'être n'y trouveront pas leur compte et seront sûrement agacés !
La fin (fatalité) se devine j'ai envie de dire douloureuse.....
Un excellent roman vif et ardent !

Partager cet article
Repost0
7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 16:52

La cascade aux loups

 

Auteur : Antonin MALROUX
Genre : Roman
Éditions : Calmann Lévy
Année : 2012
Nombre de pages : 311
ISBN : 9782286092405

Quatrième de couverture :

Dans un hameau d’Auvergne dans les années vingt, Emma aide aux travaux de la ferme auprès de ses parents. Elle tombe amoureuse d’un vacancier qui l’emmène à Paris pour la présenter à sa famille, dit-il.
Emma ne réapparaît que deux années plus tard pour confier son enfant, Denis, à ses parents. Puis elle repart et ne donne bientôt plus aucune nouvelle.
Denis grandit chez ses grands-parents qui l’élèvent comme leur fils. Au début, pour le réconforter, on lui répète que sa maman viendra le récupérer mais le temps passe et Denis ne sait plus, ou ne veut plus savoir, qui est l’inconnue sur la photographie. Peut-être, même, refuse-t-il désormais qu’elle revienne…

Mes impressions :

Ce livre fait écho en moi.
Emma 19 ans vit à la ferme avec ses parents dans la campagne Auvergnate au village Coste Soleil, commune de Braillac. Ils sont agriculteurs et le travail ne manque pas au quotidien.
Elle s'éprend de Ludovic Moisson, un Parisien venu passer des vacances dans la région....Marie Thérèse sa mère voit d'un mauvais oeil cette liaison et l'avenir ne lui donnera pas tort....Un Parisien ne reprendra pas la ferme.
La tradition veut que les paysans se marient entre eux pour assurer la relève mais parfois certains sont contre ce choix de vie, alors ils partent vers Paris, vers ce qu'ils pensent être la vraie vie.Et c'est ce qui arrivera à Emma qui partira avec Ludovic...folle d'amour.
Les mois passent Emma ne revient pas, elle écrit quelques courriers à ses parents, mais ne leur parle jamais de sa vie. Elle leur annoncera malgré tout la naissance de Denis quelques mois plus tard.
Dans le village on parle...le regard des autres blesse les parents d'Emma. L'ironie des réflexions leur fait de la peine mais ils n'auront de cesse d'attendre et espérer le retour d'Emma.
Trois ans après son départ,  elle revient en 1927confier à ses parents le petit Denis son fils. Elle ne raconte pas sa vie et ne parle pas du père de Denis. Elle repart mais pour où ? L'Amérique ? Paris ?
Les parents ne supportent plus l'absence de leur fille ; les années et les saisons se succèdent. Si Marie-Thérèse pense que sa fille ne reviendra pas, son père espére la revoir au plus profond de lui.

Au rythme des saisons, l'auteur fait le récit de la vie de Denis abandonné par sa mère quand il avait 2 ans et confié à ses grands-parents. Il attendra chaque jour de son existence le retour de celle-ci dont le visage s'est effacé peu à peu de sa mémoire.
L'auteur nous émeut avec ce portrait pudique et bouleversant d’un enfant aux prises avec la blessure inguérissable de l’abandon.
Quand Denis a une dizaine d'années son grand-père l'amène à la cascade aux loups, un endroit sublime, merveilleux....Le grand-père est allé sur Paris pour tenter de comprendre...Il entend des révélations sur Emma de la part de quelques personnes qu'elle a cotoyées mais n'ose les croire; c'est si difficile pour un père d'admettre la vérité.
Denis apprend la vie au contact de ses grands-parents, de ses camarades de classe plus ou moins sympathiques...il n'oublie pourtant pas sa mère, il nourrit l'espoir qu'elle l'aime et qu'elle reviendra le chercher.
Pour apaiser sa peine, Denis se prend au jeu de la ventriloquie, ce qui va l'aider, cela devient une passion qui amusera son entourage et les gens du village.
Il grandit, puis la guerre éclate. En 1943 elle ne les a pas touchés directement mais ils en ressentent les blessures....
Denis devient différent, avec la maturité; il est empreint de tristesse et de mal de vivre. Il est souvent de mauvaise humeur comme un adolescent mais un adolescent meurtri dans son coeur....On se doute que son passé le rattrape et conditionnera son présent et son futur....
Plus tard il rencontrera Juliette, une jeune femme douce et gentille.....ils se marieront et auront des enfants....

Cette lecture facile occasionne le dépaysement avec la description de la campagne verdoyante et des fermes auvergnate.
Ce roman est une histoire de terroir comme je les aime même si celle-ci n'a pas de grands rebondissements on se nourrit de la quiétude du village et de la beauté des paysages et de l'ambiance campagnarde.
On y trouve tous les thèmes qui font un bon roman :  l'amour, l'amitié, le travail aux champs, les secrets de famille, les joies, les peines.
Une histoire à la fois douce et violente parce que très difficile pour Denis et ses grands-parents.
La psychologie des personnages est dense; révélée de façon émouvante. Les gens de la campagne sont plutôt pudiques.Les personnages sont émouvants et attachants
L'auteur dans ce roman fait la part belle aux sentiments.
Il ne se passe pas grand-chose mais cette histoire de famille nous touche; cette famille qui ne sait pas comment gérer le départ d'Emma....vit avec cette blessure, ce manque.
Le style est simple, cependant maîtrisé, agréable qui impose. Les différents évènements sont plus ou moins expliqués de façon détaillés. L'auteur se concentre sur l'essentiel; sur le message qu'il veut faire passer... et on avance vite dans l'histoire. Il y a une sorte de décalage entre la longueur descriptive des sentiments, différente de celles des évènements qui s'y passent.
Ici les secrets de famille ne sont pas discutés mais les personnages avec pudeur en supportent les conséquences.

J'ai envie de dire que ce roman nous plonge directement en Auvergne au sein de cette famille où chacun se bât à sa façon et courageusement pour supporter l'absence....J'ai pu m'imprégner très facilement des émotions subtiles des personnages. Denis ne peut oublier celle qui lui a donné le jour et il ne se remettra jamais complètement de sa blessure d'abandon et pourtant il élèvera ses fils avec beaucoup d'amour ! on ne reproduit pas toujours ce que l'on a vécu soi-même....

Partager cet article
Repost0
31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 09:21

En souvenir d'André


Auteur : Martin WINCKLER
Genre : (Témoignage) romanc(é)
Éditions : POL
Année : 2012
Nombre de pages : 198
ISBN : 9782286095895

Quatrième de couverture :

Ça se déroulait toujours de la même manière. Une voix appelait sur mon cellulaire, tard le soir ou tôt le matin. Elle demandait à me rencontrer en tête-à-tête. Et donnait la phrase rituelle :
«En souvenir d'André.»
Je me rendais à l'adresse indiquée et là, je rencontrais un homme, parfois seul, parfois avec une autre personne, de son âge ou plus jeune. On ne faisait pas de présentations. Ils connaissaient mon nom, ils m'avaient donné leur prénom. Lorsque le malade souffrait trop, l'autre personne était là pour m'expliquer. Je l'arrêtais très vite.
«Je vais d'abord m'occuper de la douleur.»

Mes impressions :

A l'unité de douleur, Emmanuel Zacks docteur apaise la souffrance, l'anxiété, la détresse des malades en fin de vie.
Un jour il reçoit l'appel d'un de ses collègues André qui souffre d'un mal incurable. Il lui demande de lui venir en aide et de l"assister". André en a assez de souffrir et surtout veut partir dans la dignité.
Aider quelqu'un à mourir, outre l'interdit médical et sociétal que cela représente est un problème humain : même quand il souhaite ardemment que la vie s'arrête, le malade a une histoire qu'il veut transmettre et Zacks se fait alors l'ultime confident...C'est ce qui lui permet de rencontrer Nora, fille d'un ancien médecin lequel a été "assisté" par Emmanuel. Entre eux, la fusion est totale pendant quelques années. À la fin de sa propre vie Zacks découvre le secret de Nora, qui l'aidera lui même à en finir.
le début du livre commence par l'histoire d'un médecin Emmanuel qui visite un collègue  André qui est en fin de vie. L'homme est alité depuis un mois en soins intensifs. Ce dernier a une maladie incurable, il demande à Emmanuel d'aller chez lui écouter ses dernières volontés et ses dernières pensées...
Devant ce cas de conscience, presque sans réfléchir Emmanuel se met du côté de ces patients qui souhaitent mourir dans la dignité. Au-delà du serment qui leur fait jurer de soigner et non d'abréger la vie il se pose des questions sur le geste non approuvé par tous. Emmanuel sera connu peu à peu dans le milieu des malades et bien d'autres feront appel à lui...
Ce livre nous interroge sur l'acharnement thérapeutique et sur l'euthanasie. Certains choisissent cet acte définitif pour ne plus souffrir mais cette pratique n'est pas autorisée dans certains pays et elle ne l'est pas dans le pays du narrateur....
Emmanuel Zacks est rempli d'humanité et va assister des malades dans leur choix mais avant de procéder à l'acte ultime il fait comprendre à ceux qui l'appellent à leur chevet que d'abord il va essayer de les soulager et que peut-être avec les antidouleurs, la douleur moindre étant, leur raisonnement, leur désir peut se modifier ; mais pour beaucoup ce répit ne sera que provisoire et de toute façon leur corps ne répond plus au traitement de chimiothérapie. Alors ils souhaitent partir en paix avec eux-mêmes alors avant leur fin ultime, ils écrivent ou dictent sur des carnets par Emmanuel les grandes lignes de leur vie, quelques souvenirs, l'amour qu'ils ont pour leur proche. Emmanuel consigne ou retranscrit les dernières paroles des malades. Ils racontent leur histoire familiale amoureuses, professionnelle plus ou moins douloureuse. Double utilité : l'apaisement moral et mental des malades, et pour Emmanuel souvenir de ses patients.

Dans ce roman Winrkler décrit le paradoxe qui veut qu'une comateuse se voit injecter une solution pour l'aider à mourir mais lorsqu'un patient émet l'idée qu'il souffre trop pour continuer ainsi, les médecins tentent de l'en dissuader.
Il dit "Sauver la vie était le blason des médecins, donner la mort, un privilège de leur carte".
L'auteur réfute et argumente les principes, les idées reçues, sur les malades, les maladies, les soins etc...
L'hypocrisie de certains agents hospitaliers, leur fuite face à la réalité, l'ironie de certaines situations, le "courage" de ceux qui ordonnent....ils se délestent parfois des gestes les plus pénibles...On passe de l'autre côté, du côté de ceux qui ont le pouvoir d'abréger la mort ou qui le prennent.
Ce roman ouvre une discussion profonde sur l'euthanasie ou choix délibéré, il pose les vraies questions. Où se situent les vraies libertés ?
Emmanuel lui n'agit pas par intérêt ou pour l'argent mais avec humilité, humanité. Avant tout il tente de soulager la douleur physique puis si le patient émet toujours l'idée d'en finir il prend sa décision en fonction de la capacité de la personne à raisonner mais aussi humainement. Il agit avec sa sensibilité, son coeur. Il n'agit pas légèrement ni mécaniquement. Il sait que le patient est un être humain intègre.
Écouter, soulager assister ceux qui sont en fin de vie voilà le dernier rôle que ce médecin aura auprès de ses patients.
En quelques phrases on comprend l'objet et le moteur de ce livre qu'il faut chercher dans son intimité.
L'épilogue est bouleversant, ce livre est fort, intense. Sans pathos.
Cet homme explique en quelques pages pourquoi il a choisi d'assister les gens qui souffrent et pourquoi ces derniers en arrivent à espérer le "suicide" thérapeutique. Souffrir est parfois plus cruel et plus insupportable que mourir.
Au début Emmanuel agira clandestinement puis de plus en plus ouvertement.
Dans les dernières pages, il nous parle aussi de sa vie et de son propre combat jusqu'à la fin.
Ce sujet est risqué et même si l'auteur en mesure les conséquences,  il continuera parce que dans la vie il y a des failles qu'il faut exploiter pour faire avancer la société et surtout ne pas se voiler la face.

 


Partager cet article
Repost0
21 mars 2013 4 21 /03 /mars /2013 07:57

Demain

 

Auteur : Guillaume MUSSO
Genre : roman et (thriller fantastique)
Éditions : XO éditions
Année : 2013
Nombre de pages : 437
ISBN : 978-2845636224

Quatrième de couverture :

Emma vit à New York. À 32 ans, elle continue de chercher l homme de sa vie.
Matthew habite à Boston. Il a perdu sa femme dans un terrible accident et élève seul sa fille de quatre ans.

Ils font connaissance grâce à Internet et bientôt, leurs échanges de mails les laissent penser qu ils ont enfin droit au bonheur. Désireux de se rencontrer, ils se donnent rendez-vous dans un petit restaurant italien de Manhattan.

Le même jour à la même heure, ils poussent chacun à leur tour la porte du restaurant. Ils sont conduits à la même table et pourtant... ils ne se croiseront jamais.

Jeu de mensonges ? Fantasme de l'un ? Manipulation de l'autre ? Victimes d une réalité qui les dépasse, Matthew et Emma vont rapidement se rendre compte qu il ne s agit pas d un simple rendez-vous manqué...

Mes impressions :

Ce roman, mêle plusieurs genres :  comédie romantique,  thriller qui flirte avec la faille temporelle.
La toile sentimentale du livre est surprenante. Deux personnages se confondent entre passé, présent et futur.
J'ai aimé la fin qui reprend la vie des personnages du début du roman mais ceux-ci sont transformés. La boucle est bouclée,
Il y a deux histoires d'amour, celle de Kate et Matthew. Elle, chirurgienne cardiaque et lui professeur de philosophie. Leur histoire est empreinte de folie. Elle semble trop belle pour être vraie, du moins d'un point de vue d'un des personnages. Alors qui est vraiment Kate, quel est son but dans la vie qui la pousse à séduire Matthew ?
Et puis il y aura la rencontre entre Emma et Matthew, pour lesquels l'amour est contrairé par le contexte.
Au départ les personnages sont des "Monsieur et Madame tout le monde" puis au fil des pages ils deviennent des personnages singuliers ; Leur normalité bascule dans l'invraisemblable. Dans le fantastique, le surprenant. L'impensable.
Ce livre englobe le temps qui passe, le présent et futur. Il est la base et l'intrigue du roman.
Musso prend comme décor une fois de plus l'Amérique; Il aime ce pays alors il est plaisant pour lui de construire ses histoires dans une ambiance américaine.
Matthew Shapiro est professeur de philosophie à l'université d'Harvard. Décembre 2011 son élève Erika 22 ans tente de lui dégoter un rendez-vous parce qu'elle est fascinée par lui mais il la reconduit. Il a une fillette de 4 ans et demi, Emily. Sa femme Kate est décédée dans un accident de voiture 1 an auparavant à la même époque de Noël ; elle est encore bien présente dans son esprit.
April est sa colocataire depuis la mort de Kate.Elle tient une galerie d'art dans la South End.
Et puis il y a Emma, sommelière au restaurant Imperial à New york qui rencontre Romuald, un geek dans le restaurant où elle travaille. Il va associer son savoir et son habileté dans le domaine informatique et technologique pour aider Emma dans sa course folle vers la compréhension.
Lors d'un vide grenier Matthew s'offre un ordinateur d'occasion.Cet achat plutôt banal va changer considérablement le cours de sa vie. Ce pc appartenait à Emma.
Jeune femme dépressive. Suite à une histoire amoureuse qui rime avec douloureuse elle est fragilisée. Alors qu'elle espérait construire une famille elle est en mal de joie de vivre.
Musso nous décrit ces personnages il nous en dresse un tableau complet avec leur grandeur humaine, leurs peurs leurs joies et peines et c'est ce que j'aime. Dès le départ il nous parle de personnages banals, comme on peut en rencontrer dans la vraie vie et ici peu à peu, on va découvrir que leur vie n'est finalement pas si commune.
Un soir après des échanges via leurs boites Email Emma qui a été contactée par Matthew (pour savoir ce qu'il devait faire des photos qu'il a trouvées sur le PC), décident de se rencontrer et dîner ensemble.
La réalité va les dépasser et le passé les rattraper...cette touche fantastique est parfaitement livrée, dévoilée; Ils vont tous les deux faire des découvertes troublantes avec des informations temporelles improbables.
Les relations épistolaires informatiques sont dans l'air du temps, ce roman est contemporain. Ici elles sont doublées du côté irrationnel ! ce qui fait toute la singularité du roman.
Chez Musso cette ambiance improbable fait sa force. Kate est-elle vraiment celle que Matthew pense avoir épousé ? Pourquoi tant d'éléments sur sa vie ont été cachés à son mari ? C'est en partie parce qu'Emma trouve sa propre vie morne et sans intérêt qu'elle fait le choix de tenter de percer les nombreux mystères qui tournent autour de l'accident et la mort de Kate.
Le rythme s'accélère page après page, le style épuré, nous aide à rester captivés.
Ce Roman/ thriller avec une intrigue originale, complexe, mouvementée avec de nombreux rebondissements m'a embarquée.
Très efficace, pour se changer les idées avec des personnages attachants, blessés par la vie, humains, fragiles et fort à la fois. Ils sont déterminés.
Je le recommande à ceux et celles qui apprécient cet auteur; je ne pense pas qu'ils seront déçus.

 

Vous trouvez d'autres romans de Musso. G sur cette page.

Partager cet article
Repost0
15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 09:52

L'homme la jeune fille et la mort

 

Auteur : Cyrièle FLORE
Genre : roman poche / Témoignage
Éditions : Cyrièle Flore  (Auto édition : Lulu.com)
Année : 2012
Nombre de pages :  368
ISBN : 978-1291166965

Quatrième de couverture :

C'est une rencontre peu ordinaire : celle de Victor, la soixantaine, et d'Eliza, jeune bénévole à l'hôpital aux soins palliatifs. Victor a un cancer et ne veut pas y croire. Seul face à son traitement et ses questions, il se rapproche d'Eliza

Mes impressions :

 

Je remercie infiniment Cyrièle FLORE qui m'a contactée pour me proposer son livre.

 

Première partie, un homme apprend qu'il a une tumeur incurable, les médecins lui donnent 6 mois à vivre. Il a 60 ans. Au fil des pages on apprend à connaître cet homme, avant puis après le diagnostic....
Les autres personnages principaux sont sa femme,  son fils Éric et sa petite fille Lola puis Eliza une bénévole qui travaille à l'hôpital en tant que visiteuse.

Avec Victor on vit le choc de l'annonce de sa maladie puis les centaines de questions qui s'ensuivent. Les interrogations que se posent Victor sont celles de tous ceux qui traversent ce genre d'épreuve et entendent ce diagnostic... : Colère, refus, déni, angoisse, espoir. Victor se demande alors "pourquoi moi" ?.
Il ne souhaite pas avertir sa femme, ils sont séparés depuis des années....
La maladie est sournoise mais il décide de se battre, accepte la chimiothérapie et se plaît à imaginer qu'il va vaincre son cancer.
On assiste à la réaction des autres : celle de son entourage n'est pas toujours celle que Victor attend. Son ami Roger va fuir devant la réalité, par peur et parce qu'elle le ramène à sa propre mort. Sa femme est plutôt égoïste ou alors nombriliste ; même s'ils ne vivaient plus ensemble elle se demande ce qu'elle va devenir sans lui mais son égocentrisme se cache un profond mal être, une angoisse profonde non avouée...son fils lui apporte beaucoup de soutien, d'écoute, mais malgré cela il ne souhaite pas lui amener sa petite fille trop jeune selon lui pour affronter la dégradation physique de Victor. Et puis il y a Sylvain, personnage-clé aussi, le voisin de lit ; mais sa présence sera brève et se terminera rapidement. Son décès va ébranler Victor et Eliza.
Le style au début est simple un peu comme l'attitude de Victor. J'ai remarqué aussi une certaine légèreté voire frivolité à l'instar de la vie quand tout va bien. Puis, de plus en plus l'écriture devient riche sans être complexe et tout en étant tournée vers la psychologie et la philosophie de la vie.
L'ambiance alors devient de plus en plus lourde, pesante, profonde sans toutefois être hyperpathétique.
Ce roman est aussi un magnifique plaidoyer à la médecine, à la vie mais encore à l'amitié et à la compassion. Au-delà de nous raconter une histoire Cyrièle Flore au travers de ses personnages nous fait nous interroger sur la maladie, la mort, notre rapport aux autres, l'humilité et notre capacité à se remettre en question
Il y a beaucoup de dialogues qui placent ce roman dans un contexte de réflexion sur le sens de ce qui nous entoure et de la relation humaine. il nous fait progresser dans nos intimes convictions.
Victor au fil de ses raisonnements et de ses conversations avec Eliza devient meilleur humainement. Il remet en cause aussi les a-priori qu'il avait sur le monde, les gens. Ses défauts sont aussi une force. Il doit parvenir à se détacher du quotidien et à vivre le moment présent et rester humble malgré tout et il y arrivera.
Les phrases sont courtes, le rythme soutenu, tout cela donne l'impression de l'urgence et de la souffrance morale et physique du personnage principal. Il se sent perdu, seul face à lui-même. Eliza le soutient, discute avec lui et c'est elle même qui fait évoluer le personnages dans ses pensées secrètes. Le bénévolat d'Eliza est un véritable sacerdoce.
Lorsque son voisin de chambre Sylvain avec qui il a lié un lien fort, meurt et il en sera très affecté ! cela va lui faire prendre conscience qu'avant de mourir lui aussi il doit se consacrer au peu de temps qu'il lui reste pour faire ou dire tout ce qu'il a voulu dire aux siens avant de partir et avant qu'il ne soit trop tard pour être plus serein  Il ne veut pas avoir de remords.
Les personnages sont modernes, actuels, attachants, très émouvants. Eliza consacre beaucoup de temps aux visites des malades malgré sa vie de famille.
Les narrateurs changent, tour à tour ils s'expriment...Victor puis sa femme et Eliza ainsi de suite. Ils décrivent leurs idées, leurs ressentis.
Nous sommes dans leur esprit. Eliza croisera la femme de Victor dans les couloirs et avec de courts échanges elle va aussi apaiser les tensions....
Eliza va aider Victor à accepter les autres tels qu'ils sont avec leur gêne; leur lâcheté, leur évitement, leur éloignement.
Victor au fur et à mesure des conversations avec Eliza sera de moins en moins sur ses gardes ; il finira par accepter son aide, il tolère de se laisser aller , à parler, il perd de sa superbe, casse sa carapace.Une véritable rédemption.
Il va se bonifier avec le temps grâce à la vision philosophique et psychologique d'Eliza. Ses réflexions sur les jugements, les sentiments, les émotions comme le pardon, le doute et bien d'autres sont argumentés de façon irréfutable mais non définitive.
Et Victor apporte à Eliza sans s'en rendre compte, son expérience, son vécu et son courage. Leur relation est belle et tendre.

J'ai malheureusement connu de nombreux hôpitaux pour écrire sans me tromper dire que l'auteur en parle très justement. Elle maitrise parfaitement le sujet, de même que le rapport à la mort et à la maladie. Les remerciements en fin de volume nous font comprendre son rôle.
Je retiens l'utilité indéniable des visiteurs bénévoles hospitaliers.  Avec leur collaboration la peur de la maladie perd de son intensité. Je note également la grande lucidité de l'auteur sur l'amitié, le courage, la maladie, le besoin de dignité, l'optimisme malgré les souffrances des malades.

Ce roman est à la fois un drame et un témoignage.
Il rend aussi un hommage au personnel médical et aux bénévoles qui font souvent un travail remarquable.
L'humilité d'Eliza, sa sensibilité nous la rendent attachante. Elle est lucide sur la mort, sur les sentiments des autres, elle est une psychologue avertie quelque part.
Ce livre est une approche au plus juste de la situation du malade.
Il est aussi une prise de conscience : la mort ne doit pas être un tabou.

J'ai envie de dire que la grande sensibilité de l'auteur est thérapeutique, elle montre le chemin vers l'acceptation, la route pour pouvoir regarder en face la mort même si on est effrayé par elle, à vivre avec elle au quotidien (sans les personnes que l'on aime parfois).
Ce livre est à lui tout seul une superbe leçon de vie. On aurait pu tomber dans le pathos mais l'auteur a un je-ne-sais-quoi qui nous pousse à aimer ses écrits ! sans doute parce qu'ils sont sincères et représentatifs de ce qu'il se passe aux portes de la mort.
Elle nous apprend aussi à faire le deuil, de nos proches mais pas seulement, également de notre propre mort quand le moment sera venu.
L'auteur n'oublie rien car elle raisonne avec délicatesse,  justesse et réceptivité sur la nécessité ou non de l'euthanasie, les questions métaphysiques et religieuses comme l'existence de Dieu

L'auteur a bien saisi et décrit aussi que les médecins ne sont pas toujours à l'écoute parce qu'ils sont très occupés. Parfois c'est la réalité hospitalière qui fait que nous nous sentons juste un numéro de chambre alors les personnes comme Eliza doublé de l'entourage amical et familial sont un nécessité au passage vers l'autre monde. Si par malheur il arrive que nous ne sommes pas soutenus dans la maladie cela est très dur, d'où la nécessité pour certains malades de trouver des personnes extérieures, des oreilles qui écoutent, une épaule sur laquelle se reposer.
L'hôpital est à la fois un endroit sécurisant et également un endroit que l'on veut fuir. C'est paradoxal mais c'est exact.
Ce livre aurait pu être pathétique parce que trop porté sur la maladie et pourtant Eliza va le transformer en livre indispensable pour chaque malade et leur famille. Il apporte un  nouveau regard sur la maladie, les malades, les proches, le personnel hospitalier, le bénévolat, l'aide en général, la vie, la mort...avec tellement d'humanité et d'altruisme. !
À lire parce qu'il y a un avant et un après cancer.


Partager cet article
Repost0
11 mars 2013 1 11 /03 /mars /2013 08:51

Nez-au-vent.jpg

 

Auteur : Alan LAZAR
Genre : roman
Éditions : Jean Claude Lattès
Année : 2012
Nombre de pages :  330
ISBN : 9782286095802

Quatrième de couverture :

Nelson, mi-beagle mi-caniche aux yeux brillants et à l’esprit curieux, vit heureux dans le foyer de Katey et Don. Jusqu’au jour où, suivant son petit nez fureteur, Nelson s’égare. Malgré des recherches désespérées, Nelson est incapable de retrouver son chemin, et finit par suivre sa propre route.
Pendant huit ans, Nelson pérégrine à travers le pays. Un temps, il parcourt les routes d’Amérique avec Thatcher, un chauffeur routier. Puis il vit dans les bois en compagnie d’une meute de loups. Un jour, un terrible accident le prive de sa patte arrière gauche, mais sa volonté de fer et son désir inaltérable de rejoindre Katey l’aident à survivre. En portant sur le monde un regard cynique et méfiant, Nelson étonne par son courage et sa détermination sans faille. Il reste convaincu qu’un jour prochain il retrouvera le chemin de son foyer… Qui sait ce que l’avenir lui réserve ?
Au-delà du voyage fabuleux d’un chien, Nez au vent est l’histoire émouvante d’une soif de vivre et d’un amour éternel, qui réitère le lien indestructible entre l’homme et son meilleur ami.

Mes impressions :

Cette histoire raconte la vie tumultueuse d'un petit chien nommé Nelson.
Le petit plus de cette édition est que l'auteur a composé des musiques que l'on peut trouver sur Internet, une bande originale et il a même noté des partitions en fin de volume.
Nelson fait partie d'une portée de 6 chiots nés à la campagne. Ils ne sont pas de pure race et pour sa maîtresse qui n'y était pas habituée elle est confrontée à un choix : Essayer de les vendre tout de même en passant par Emil, le propriétaire d'une animalerie ou bien les abandonner...
Au début de ce roman le lecteur reçoit des informations sur les particularités des chiens, leur vision leur odorat etc....ce qui permet de situer le contexte et surtout celui de la vie de Nelson.
Mme Anderson s'attache plus particulièrement à lui ;  il a les spécificités d'avoir un odorat plus développé et une couleur de robe étonnante notamment autour des yeux. Il parait plus sensible que ses frères et soeurs.
Malgré tout Mme Anderson les amène chez Emil mais les acheteurs potentiels ne sont pas intéressés.... Plusieurs jours après, Katey une jeune femme récemment mariée visite l'animalerie et tombe sous le charme de Nelson. Le couple l'adopte.
Katey deviendra sa bien aimée parce qu'elle lui procure, attention, douceur, tendresse et joie....
Katey est pianiste. Le père de Don était soldat, il est mort dans un pays lointain et sa mère est en maison de retraite victime de perte de mémoire...Don sera de moins en moins affectueux avec Katey et elle en souffrira. Il devient même violent. Nelson est sensible aux émotions de Katey : il comprend sa peur, sa déception ses tristesses. Il ne raisonne pas comme les humains et ne peut argumenter mais il ressent ce qui les anime.
J'ai aimé la façon que l'auteur utilise pour nous décrire les émotions des personnages, au travers de celle de Nelson.
Le roman terminé, ceux qui n'aiment pas spécialement les animaux et plus particulièrement les chiens seront sûrement étonnés de ce qu'ils sont capables d'éprouver et les autres, ceux qui pensent qu'ils sont parfois plus humains que les humains eux-mêmes, verront leurs pensées appuyées.
Nelson au fil des mois va regarder la vie s'écouler autour de lui : Le couple, sa routine, les disputes mais aussi les sorties, les ballades avec sa bien-aimée. Nelson est un petit chien curieux de tout.
Puis le couple que forment Katey et Don se détériore et il en est affecté.
Un jour par mégarde Don laisse le portail de leur maison ouverte et Nelson attiré par les odeurs de la ville s'échappe, il ne retrouvera plus sa route, s'ensuit une vie difficile. Une longue période d'errance commence alors, pendant laquelle il apprend la méfiance, la peur, la solitude, la faim mais il fera aussi des rencontres qu'il n'oubliera pas grâce aux associations de faits et d'odeurs.
Son amitié avec Thatcher un routier leur permettra de lier deux solitudes, ils partageront leur solitude, de l'affection et leur nourriture.
Malheureusement ils seront séparés quelques mois après. Lucy, sera une petite chienne avec laquelle il fera un bout de chemin. Tous les deux deviennent inséparables et Nelson sera très protecteur avec elle. On comprend alors que les chiens peuvent avoir des sentiments, ils ne sont pas mus seulement par leur instinct.
Puis la vie lui fait rencontrer Herbert, un retraité, sculpteur de figurines à ses heures puis il sera adopté difficilement par une meute de loups, puis un père et son fils.. . Cependant il n'oubliera jamais Katey, qu'il espère revoir un jour....Son histoire est une approche au plus juste de la vie de chien errant avec tous les dangers et les circonstances que cela implique. Il devra être aussi amputé d'une patte, ce qui va l'handicapé encore plus. Mais il fera preuve de détermination.
La fin de l'histoire est un ensemble de rebondissements qui nous réchauffent le coeur.
J'ai aimé cette histoire écrite avec beaucoup d'originalité et de tendresse. Le lecteur s'aventure dans un road movie (canin) et donc plutôt d'un nouveau genre. Les lecteurs parcourent les routes des États-Unis en compagnie de ce petit chien hors du commun ; les personnages qu'il côtoie sont hauts en couleur ; ils voyagent dans des paysages flamboyants et se retrouvent dans des situations parfois drôles, d'autres fois dangereuses mais toujours émouvantes.
Tout le roman raconte Nelson, ses sensations, ses peurs, ses errances, ses joies, ses difficultés, et ses rencontres....pendant plus d'une décennie, le chien nous émeut, nous étonne aussi.
Parce qu'il est réceptif à toutes les formes de fragrances, il est un petit chien curieux, voire intelligent et plus sensible que certains humains !
Il n'est pas fait que d'instinct mais d'amour aussi. Je vous le laisse découvrir, car cette histoire touchante mérite d'être lue.
J'ai passé un excellent moment grâce aussi au style aéré de l'auteur qui permet une lecture fluide et rapide; ce livre est accessible à tous et dans quelques années je proposerai à ma fille (de 9 ans à ce jour) de lire l'histoire de Nelson, petit chien courageux et si attachant.


Partager cet article
Repost0
3 mars 2013 7 03 /03 /mars /2013 09:36

Un sentiment plus fort que la peur

 

Auteur : Marc LEVY
Genre : roman
Éditions : Robert laffont
Année : 2013
Nombre de pages :  418
ISBN : 9782221127131

Quatrième de couverture :

Dans l'épave d un avion emprisonné sous les glaces du mont Blanc, Suzie Baker retrouve le document qui pourrait rendre justice à sa famille accusée de haute trahison. Mais cette découverte compromettante réveille les réseaux parallèles des services secrets américains.
Entraîné par l'énigmatique et fascinante Suzie Baker, Andrew Stilman, grand reporter au New York Times, mène une enquête devenue indispensable à la survie de la jeune femme.
Traqués, manipulés, Suzie et Andrew devront déjouer pièges et illusions jusqu à toucher du doigt l'un des secrets les mieux gardés de notre temps.


Mes impressions :

Quel est ce sentiment qui est plus fort que la peur ? C'est celui du courage qui nous pousse à découvrir une vérité même si elle nous met ainsi que ceux que l'on aime en danger.
Ici Marc levy nous fait passer le message à travers ses personnages denses et percutants ! Un roman qui est fidèle à Marc Lévy mais je donne un bémol en raison de l'intrigue gouvernementale, économique, politique surprenante et un peu tirée par les cheveux. Cependant comme d'habitude Marc Levy écrit avec fluidité et délicatesse et donc nous fait oublier les imperfections.
Le roman commence en 1966; Présence de deux hommes dans un aéroport de Bombay. Adesh doit faire passer une enveloppe à un tiers en ce servant d'une valise diplomatique. Mais le voyage jusqu'à Genève ne se terminera jamais, l'avion s'écrase sur les rochers de La Tournette. Seize ans après, même scénario, un second appareil s'écrase sur le Mont Blanc dans les mêmes conditions.
Le 24 janvier 2013 deux alpinistes, Shamir (professeur d'Alpinisme) et Suzie font l'ascension du Mont Blanc.
Mais que se cache derrière la détermination et la motivation  de Suzie ? Que veut -elle prouver ?  Quel est son but ?
Elle veut trouver l'épave de l'avion et récupérer la valise afin d'innocenter sa grand-mère accusée d'avoir trahi son pays ! Elle est à la recherche d'un document qui pourrait bien rétablir la vérité et donc, mettre à mal la version officielle des faits.
Mais l'ascension se terminera dramatiquement et Shamir y laissera sa vie.
Les deux premiers chapitres sont remplis d'émotions, ils sont forts et intenses. Amour, respect, épreuves avec des personnages entiers.
Puis il y a l'arrivée d'un autre personnage Andrew, journaliste au New York Time. Il est hébergé chez son ami Simon depuis sa rupture avec sa femme. Parce qu'il souffre de cette séparation, Andrew est dépressif et s'adonne trop facilement à la boisson.
Le caractère des deux principaux personnages se complètent : lui est plutôt dépressif, mais réfléchi et excelle dans son travail. Difficile de supporter qu'il se détruise avec l'alcool et on espère qu'il va trouver la force et le courage d'arrêter de boire à chaque difficulté. Il a une fragilité émouvante. Il rencontre Suzie dans une bibliothèque mais cette coïncidence n'est pas fortuite. Suzie est autoritaire, culottée, insolente. Mais tous les deux apprennent à s'apprécier. Ils s'aident mutuellement. Et donne l'impression de tomber amoureux.
L'affaire qui lie Suzie au crash de l'avion est une affaire familiale, dans laquelle elle devra prouver, confirmer ou infirmer des agissements qui incriminent sa famille.
Levy nous livre de maigres indices au fil des pages .... et on avance peu à peu. Andrew et Suzie sont tous les deux déterminés mais pour des raisons différentes. Quand ils veulent quelque chose ils se donnent les moyens de l'avoir.
Ce qui les rapproche sont avant tout les remords, les regrets et leur culpabilité.
Des personnages mystérieux viennent se greffer. Comme Arnold étroitement lié à Suzie, qui depuis la mort des parents de Suzie, prend soin d'elle;  mais est-il honnête ? est-ce qu'il lui dit tout sur ses parents et sa grand-mère ?
Le doute s'installe. Marc Levy nous fait le portrait de personnages écorchés vif et donne toujours de la profondeur à ses personnages.
L'humour parfois décalé est omniprésent malgré le caractère sérieux de l'intrigue. L'auteur mêle à la perfection la comédie romantique et dramatique avec un suspense efficace.
Les chapitres s'emboitent tel un puzzle. Mais j'ai eu du mal parce que Marc Levy écrit une histoire qui combine politique et économie, des sujets qui ne m'intéressent pas. Alors heureusement que la fluidité du texte, et le caractère quasi détaché font que je suis satisfaite de cette lecture qui m'a dépaysée.
Marc Levy diversifie son roman efficacement. La fin est rebondissante, certes même si les nouvelles révélations ne sont pas totalement inattendues.

Ce roman fait donc cas de trahison, de mensonges, de clandestinité, de complot, d'égarement, de rétablissement de vérité, d'amour, d'amitié et nous peint un tableau rebondissant qui nous tient en alerte même si le scénario n'est pas celui du siècle, il est bien organisé !

 

D'autres romans de Marc Levy sont répertoriés ICI.

Partager cet article
Repost0
22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 17:28

Eux sur la photo

 

Auteur : Helen GESTERN
Genre : roman
Éditions : Arléa - 1er Mille
Année : 2011
Nombre de pages :  277
ISBN : 9782869599512

Quatrième de couverture :

Une petite annonce dans un journal comme une bouteille à la mer. Hélène cherche la vérité sur sa mère, morte lorsqu’elle avait trois ans. Ses indices : deux noms, et une photographie retrouvée dans des papiers de famille qui montre une jeune femme heureuse et insouciante, entourée de deux hommes qu’Hélène ne connaît pas. Une réponse arrive : Stéphane, un scientifique vivant en Angleterre, a reconnu son père.
Commence alors une longue correspondance, parsemée d’indices, d’abord ténus, puis plus troublants. Patiemment, Hélène et Stéphane remontent le temps, dépouillant leurs archives familiales, scrutant des photographies, cherchant dans leur mémoire. Peu à peu, les histoires se recoupent, se répondent, formant un récit différent de ce qu’on leur avait dit. Et leurs découvertes, inattendues, questionnent à leur tour le regard qu’ils portaient sur leur famille, leur enfance, leur propre vie.
Avec Eux sur la photo, Hélène Gestern nous livre une magnifique réflexion sur le secret de famille et la mémoire particulière que fixe la photographie. Elle suggère que le dévoilement d’éléments inconnus, la résolution d’énigmes posées par le passé ne suffisent pas : ce qui compte, c’est la manière dont nous les comprenons et dont nous acceptons qu’ils modifient, ou pas, ce que nous sommes.

Mes impressions :

Le roman commence par la description d'une photo, elle est détaillée par Hélène qui la regarde. On y voit deux hommes et une femme ; ce triangle amoureux construira tout le thème de ce livre. Hélène se met en quête  d'éléments sur sa mère Natalia, d'origine Russe, morte quand elle avait 3 ans.
Hélène est archiviste au Musée de l'histoire de la carte postale, elle a mis une annonce et une photo sur un journal pour connaitre le passé et surtout pour comprendre qui elle est elle-même. Sa belle-mère Sylvia et son père médecin militaire taisent une vérité qu'elle va tenter d'éclaicir.
Son annonce dans un journal local va être lue par Stéphane qui reconnaît son père sur la photo qu'Hélène a en sa possession. Il est intrigué par la femme photographiée. Ses parents ne s'entendaient pas. Est-ce que cette femme a joué un rôle dans leur vie de famille ?
C'est le point de départ d'une relation épistolaire entre Stéphane et Hélène. Ils s'écrivent puis finissent par s'envoyer des courriels, puis des SMS, des appels téléphoniques. Ils essaient chacun de rétablir leur histoire qui comprime des zones d'ombre. Leur histoire privée respective se recoupe, mais à quel moment ont-ils un passé commun ? à quel âge ?
Pierre le père de Stéphane et la mère d'Hélène ont été liés mais quel lien les unissait ? Amants ? amis ? Un puzzle mélangé qu'ils devront construire.
Dans quelle circonstance est décédée Natalia ? comment et pourquoi tant de mystères ? Quel est le passé qui les lie ?.
Un jour Stéphane lui propose d'aller à Genève trier avec lui ses photos de famille à la recherche d'indices. Tous deux se rencontrent et se rapprochent de plus en plus intimement et des sentiments naissent. Des sentiments qui les effraient car ils pourraient être demi-frère et soeur....
L'ultime révélation se fera avec la lecture d'une lettre écrite par Sylvia qu'elle a laissé pour Hélène, avant de décéder. Elle lui explique dans cette lettre bien des choses sur son passé qui va lui permettre de se réconcilier ou pas avec lui.
Mais est-ce que les vérités sont toujours bonnes à dire ?
C'est toute l'intrigue du roman, Hélène n'arrive pas à construire sa vie parce qu'elle est tenue par des secrets de famille, des non-dits, un fardeau familier. Ses parents éludent, évitent le sujet de sa mère. Les réponses aux questions d'Hélène restent très évasives.
« Même si votre mère adoptive était aimante, il doit être difficile de grandir sans rien savoir de la personne qui vous a mis au monde ».
Élucider ces secrets dévoilent peu à peu leur vie de famille et nous invitent à en être les spectateurs. Parfois j'ai ressenti un peu de gêne à m'immiscer dans leurs secret familiaux.
Peu à peu Hélène prend possession du passé. Il prend forme. Elle découvre sa mère, son enfance. Les photos sont floues, mais s'éclaircissent à mesure qu'elle avance dans ses recherches.
Et elle qui est-elle ? et son vrai père biologique ???? Imbroglio, croisement, secret de famille parentalité sont les ingrédients de ce roman agréable.
Ils amènent leur lot de colère, rage,  tristesse, regret et pardon...
Leurs parents ont vécu dans une époque (mai 68) où la pilule était à peine instituée, mais elle n'était pas encore bien répandue et l'avortement non encore autorisé en France. Peu à peu on assiste à la réconciliation avec le passé qui révèle une histoire d'amour déchiré.
J'ai aimé la façon dont Hélène détaille et définit les photos. Comment elle se les approprie et les décrits minutieusement. Elle y trouve à chaque fois une histoire qui explique les évènements liés à la vie de ses parents et de leurs amis. Les photos parlent jusque dans les prises de vues, les portraits. Elle donne vie aux photos et les rend expressives.
Au fil des pages et des jours qui passent grâce à des lettres, des cahiers intimes, écrit par Jean l'ami de Pierre et de Natalia, le passé se révèle. Ils seront partagés entre la déception, le soulagement celui de savoir où leurs recherches vont les amener .....
La fin de l'histoire dramatique racontée par Sylvia dans cette lettre lève le voile....et on comprend toute l'ampleur et les conséquences des secrets de famille.....mais aussi donne une place à chacun des personnages.
Le style est direct, fort et intense les émotions nous remuent. On se met facilement à la place d'Hélène et de Stéphane.
Un beau livre qui a su mélanger drame, échange épistolaire, souvenirs, prise de vue et de position. Je me suis laissée prendre au jeu de la plume de cette auteure que je ne connaissais pas puisque ce livre est son premier roman.

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 16:26

La vie très privée de Mr Sim-copie-1

 

Auteur : Jonathan COE
Genre : Roman
Éditions : Gallimard
Année : 2011
Nombre de pages : 449
ISBN : 9782070129744

Quatrième de couverture :

Maxwell Sim est un loser de quarante-huit ans. Voué à l'échec dès sa naissance (qui ne fut pas désirée), poursuivi par l'échec à l'âge adulte (sa femme le quitte, sa fille rit doucement de lui), il s'accepte tel qu'il est et trouve même certaine satisfaction à son état. Mais voilà qu'une proposition inattendue lui fait traverser l'Angleterre au volant d'une Toyota hybride, nantie d'un GPS à la voix bouleversante dont, à force de solitude, il va tomber amoureux. Son équipée de commis-voyageur, représentant en brosses à dents dernier cri, le ramène parmi les paysages et les visages de son enfance, notamment auprès de son père sur lequel il fait d'étranges découvertes : le roman est aussi un jeu de piste relancé par la réapparition de lettres, journaux, manuscrits qui introduisent autant d'éléments nouveaux à verser au dossier du passé. Et toujours Max pense à la femme chinoise et à sa fille, aperçues dans un restaurant en Australie, dont l'entente et le bonheur d'être ensemble l'ont tant fasciné. Va-t-il les retrouver ? Et pour quelle nouvelle aventure ? Brouillant joyeusement les cartes de la vérité et de l'imposture, Coe l'illusionniste se réserve le dernier mot de l'histoire, qui ne manquera pas de nous surprendre. Plus d'une génération va se reconnaître dans ce roman qui nous enchante avec un humour tout britannique, bien préférable au désespoir.

Mes impressions :

La quatrième de couverture est très fidèle au contenu du roman. Il est rare de trouver des résumés aussi représentatif alors c'est bien de le signaler.
Ce livre m'a plu. J'ai été attirée par sa couverture humoristique, espérant que le contenu ne serait pas totalement triste.
Je suis agréablement étonnée par ce roman et les émotions qu'il véhicule !
Le début : une parenthèse s'ouvre, Max est retrouvé endormi et à moitié nu dans sa voiture; dans le coffre pas moins de 800 brosses à dents ! fin de la parenthèse.
Puis nous en apprenons plus sur lui et son vécu. Avec son père ils n'ont jamais été proches ; quant à sa mère, elle est morte jeune, à la quarantaine. Il en garde un très bon souvenir, il se sentait aimé d'elle comparer à son père qui était plutôt distant.
Max est comme on pourrait dire l'antihéros, malchanceux, sans réelle motivation....Il s'est marié et il a une fille mais quelques années après sa femme l'ont quitté. Il est dépressif et solitaire. Il voit très peu sa fille qui vit avec sa mère.  
Un soir alors qu'il dîne au restaurant seul parce que son père n'a pas daigné venir au rendez-vous qu'ils s'étaient fixé pour se retrouver, il remarque à la table voisine une mère et sa fille d'origine chinoise. Toutes les deux ont l'air complice .... cette vision fait remonter des souvenirs à la surface. Une mère aimante mais un père absent. Sa propre fille qu'il voit très peu a plutôt envie de rire de lui et de son manque d'ardeur face à la vie. C'est vrai qu'il se contente de prendre cette dernière comme elle se présente...
Justement un ancien camarade de classe lui propose un jour de devenir commis voyageur pour son entreprise qui vend des brosses à dents révolutionnaires !
Il se dit alors pourquoi pas ? , puisque de toute façon après 6 mois d'arrêt maladie il n'a pas l'intention de reprendre ses fonctions et envisage de rester en maladie ou bien son employeur le licencierait sans doute....Il prend donc la décision d'accepter cette proposition, elle lui donnera l'occasion d'un nouveau départ dans la vie ! dans sa voiture seul il va sillonner les routes pour présenter ces fameuses brosses à dents....
Il considère sa vie comme un échec, faite de solitude, pour combler le vide il en arrive à converser avec son GPS, pour lequel la voix féminine pourtant désincarnée lui indique les directions à prendre (comme celle de sa vie ?)  de façon joviale, humaine. Cette «relation» nous fait sourire, elle nous occasionne de la compassion et de une certaine gêne.
Au fil des kilomètres il s'aperçoit que sa vie est le résultat de non-dits, elle s'est construite sur des bases d'une relation compliquée avec son père. Il s'en rendra compte en lisant le journal de ce dernier.
Son existence se résume à des amitiés anciennes et d'un passé familial souvent délicat.
Pendant qu'il parcourt l'Angleterre il va renouer avec son passé. Ils retrouvent ses anciens voisins, sa camarade qui était amoureuse de lui et lui d'elle mais ils ne s'étaient jamais avoués cet amour réciproque en raison d'un évènement lié à son père. Cet évènement aura eu raison de cet hypothétique rapprochement avec elle du temps de leur jeunesse. Cependant il tente de renouer avec ce père qu'il apprend à connaitre mais il l'aidera aussi à retrouver son ancien ami de coeur  Roger....Est-ce que ce rendez-vous arrangé aura les conséquences qu'il aurait aimées ?. Et puis va-t-il retrouver la femme chinoise et quel sera l'aboutissement de ce long voyage qui n'a duré que quelques jours ?
Du reste Poppy jeune femme rencontrée dans un aéroport lui a parlé de Clive et de l'histoire de Donald Crowhurst, cet homme qui a voulu faire la traversée de l'océan, une course avec des concurrents motivés mais il a dérivé pendant trois mois à l'abri des regards, il a triché, il a fait croire qu'il avait passé son temps aux prises avec des tempêtes dans les mers du sud...Mais la supercherie a été découverte. Parce qu'il n'a pas supporté d'être la risée de tout le monde. Il s'est donné la mort....Max s'identifie à cet homme puis il l'identifie à son propre père. Il pense que leurs vies sont une immense farce face à ceux qu'ils les ont cotoyés.

Mi-comique, mi-sérieux, ce roman est une vraie découverture pour moi. Il y a quelques longueurs, mais je pense qu'elles étaient nécessaires pour expliquer les échecs successifs de cet homme attachant. Homme complexe qui se pose des questions précises. L'auteur avec habileté nous livre un roman construit accompli, fait de souvenirs récurrents, de rencontres souvent bizarres comme Poppy, spécialisée dans un domaine professionnel quelque peu étrange celui de "facilitatrice d'adultère".  
Cette vie romancée ici pourrait être réelle...Quoique la fin surprenante et inattendue nous laisse un sourire sur les lèvres mêlé a une déception ressentie pour Max lequel je me suis attachée au fil de ses pérégrinations.
L'écriture est fluide, descriptive, humoristique, les longueurs que j'ai rencontrées vont dans le sens du roman, car l'auteur reste fidèle à son but, celui de nous montrer que la vie peut être aussi fictive que réelle...La réalité rejoint la fiction souvent sans que l'on ne s'en rende compte. L'importance de nouveaux outils technologiques sont parfois les bienvenus et parfois nous éloignent des autres et de nous-mêmes. Ils sont à doubles tranchants.
Dans ce roman se mêlent nostalgie, humour décalé.....mais il se lit très facilement avec une fin surprenante, inattendue qui nous réconcilie avec la vie, la tolérance et le respect d'autrui.

 

Partager cet article
Repost0