Auteur : Jean Paul SARTRE
Genre : Théâtre Philosophie
Éditions : Folio
Année : 1972
Nombre de pages : 246
ISBN : 978-2070368075
Quatrième de couverture :
Garcin : - Le bronze... (Il le caresse.) Eh bien, voici le moment. Le bronze est là, je le contemple et je comprends que je suis en enfer. Je vous dis que tout était prévu. Ils avaient prévu que je me tiendrais devant cette cheminée, pressant ma main sur ce bronze, avec tous ces regards sur moi. Tous ces regards qui me mangent... (Il se retourne brusquement.) Ha ! vous n'êtes que deux ? Je vous croyais beaucoup plus nombreuses. (Il rit.) Alors, c'est ça l'enfer. Je n'aurais jamais cru... Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril... Ah ! quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l'enfer, c'est les Autres.
Mes impressions :
Huit clos
Garcin publiciste et homme de lettres est un révolutionnaire mais pas seulement,
il est aussi un mari cruel et lâche, il mourra de douze balles dans la peau ; Inès ancienne employée des Postes est asphyxiée par le gaz et par son amante ; Estelle femme coquette et
mariée à un riche mari noie son jeune enfant et meurt d'une pneumonie fulgurante. Ils ne se connaissent pas, et pourtant, ils se retrouvent dans un salon qui est l’antichambre de la mort. Ils ont
l'éternité pour faire connaissance : quelques heures leur suffiront pour comprendre qu'ils sont leurs bourreaux respectifs et comme le dit si bien Sartre au travers des paroles de
Garcin « L'enfer, c'est les autres ».
Sartre nous dévoile ici ces thèmes de prédilections : l'engagement, la trahison, les conséquences des actes, la responsabilité et ses limites. Petit à petit nous apprenons sur leur vie
respective.
La pièce de théâtre est assez brève mais elle est vraiment dense au niveau de ce qu'il a voulu nous transmettre à l'aide des personnages et de leurs situations. J'ai trouvé que les thèmes sont
présentés de façon originale et qu'il fallait oser décortiquer ainsi les actes de personnes odieuses et dangereuses.
Dans le salon chacun se dévoile peu à peu et c'est l'effroi qui monte chez les lecteurs ou les spectateurs.
Chacun des personnages se livre à son réquisitoire assez dur.
Les traits de caractères des personnages sont très différents, détaillés et examinés mais tous sont crédibles et peuvent exister. Ils sont en enfer et chacun est le bourreau des deux autres.
« Le bourreau c'est chacun de nous pour les deux autres ».(Garcin)
Sartre montre ici combien il est difficile voire impossible aux humains de vivre ensemble sans querelle mais aussi veut montrer peut-être que sans les autres nous ne sommes rien et que nos actes
ont des conséquences.
L'enfer et le Ciel n'existent pas, c'est chacun qui se crée son histoire et qui la rend supportable, vivable ou pas.
Les mouches
Cette seconde pièce est une tragédie en trois actes. Le texte est publié durant le seconde Guerre Mondiale. La pièce évoque le mythe grec antique des Atrides. Elle s'ouvre sur le retour d'Oreste dans sa ville natale d'Argos. Il est en compagnie de son pédagogue. Il y a quinze ans, sa mère, Clytemnestre, et son amant, Égisthe, ont assassiné son père, Agamemnon. La présence des mouches envoyées par Jupiter, en grand nombre symbolise le remord éternel du peuple. La sœur d'Oreste, Électre, est devenue l'esclave de sa propre mère qui la malmène. Elle attend que son frère vienne la sauver. Elle ne sait pas alors qu'il vient d'arriver en ville et le rencontre même. Quand il lui révèle sa vraie identité elle ne le croit pas. Le dessein d'Oreste est de monter sur le trône mais pour que cela soit possible, il comprend qu'il doit d'abord tuer le roi et la reine. Il le fera. Il ne regrette pas son acte par contre Électre est très affectée par ce meurtre, elle se repentit et rejoint Jupiter dans ses pensées et dans la promiscuité. Oreste lui reste seul. Il ne pourra pas devenir roi et pour la paix du peuple et du pays il quitte la ville. Avec lui il emporte les mouches et les fautes des habitants d'Argos.
Sartre dans cette pièce développe les thèmes de la liberté d'action mais aussi
celle du choix. Oreste choisit d'assumer son geste et il n'a pas de remords. « Les hommes sont libres. Egisthe. Tu le sais et ils ne le savent pas ».
Sartre ici nous fait part de la nécessité de l'introspection et du pouvoir qu'à chaque homme sur lui même.
Il faut aussi replacer ce texte dans le contexte historique et alors on comprend que Sartre parle à couvert de la France de L'occupation.
Oreste est donc de toute évidence le résistant type qui rétablit ce qui aurait dû être et supprime un état de fait injuste.
L'existentialisme cher à Sartre est ici fort présent.
L’homme se définit selon Sartre de soi-même et il n’a pas d'excuse pour ses fautes.
Chaque homme a la possibilité selon ses choix de devenir un héros ou un lâche. Il ne nait pas ainsi mais le devient.
Cette pièce est assez agréable car des messages sont délivrés à travers le texte qui nous interroge.
Il permet de se mettre en situation mentale dans les choix de tous les jours. Il est important d'agir toujours selon ses principes et ses valeurs.
Deux textes forts qu'il est bon de lire et relire.....