Auteur : Bernhard SCHLINK
Genre : Nouvelles
Éditions : Gallimard
Année : 2012
Nombre de pages : 290
ISBN : 978-2070133147
Quatrième de couverture
:
Tous les protagonistes des sept nouvelles rassemblées ici se retrouvent confrontés au
mensonge. Par lâcheté, par confort, par peur ou par habitude, ils mentent – où on leur ment. Un modeste flûtiste ne veut pas avouer à la femme dont il vient de tomber amoureux que son argent lui
pose problème, un écrivain croit que de petites cachotteries peuvent lui épargner de grandes explications, un homme pense sauver son mariage en coupant sa famille du monde... Mensonges par
omissions, petits arrangements avec la vérité, fuite en avant, non-dits : le grand romancier allemand propose dans chaque nouvelle une variation sur ce thème fédérateur et ses conséquences plus
ou moins dramatiques. Bernhard Schlink scrute ici non seulement le fonctionnement du couple, mais aborde aussi des problématiques aussi universelles que la jalousie, le conflit générationnel ou
les regrets à la veille de la mort. Par ailleurs, sa capacité à esquisser des personnages incarnant des dilemmes et des interrogations d’ordre éthique – qui a fait le succès d’un livre comme Le
Liseur – se trouve ici condensée dans la forme courte avec beaucoup de réussite. Mensonges d’été confirme une nouvelle fois le grand talent de Bernhard Schlink et nous offre un vrai bonheur de
lecture.
Mes impressions
:
Ces nouvelles comme le titre l’indique ont pour thème «Le mensonge». Leur cause sont
toutes différentes et donc les conséquences diverses. Mais ces mensonges font partis intégrante de la vie. Alors peut-t-on juger ceux et celles qui pour sauver les apparences, pour ne pas
inquiéter leurs familles, parce qu’ils sont malades, en arrivent à mentir à l’entourage. Est-ce que parfois les conséquences du mensonge ne sont pas pire que celles de la vérité
?.
Le mensonge aura pour décor la famille, les amis, les inconnus...l’auteur parle des
couples, de la jalousie, des conflits générationnels avec pour toile de fond, la maladie, la mort, la vieillesse, l’argent, le voyages...
Avec Arrière saison : un homme et une femme se rencontrent à la fin de
l’été....lui musicien de 39 ans....elle 41 ans travaille dans une association de théâtre pour enfants. Tous les deux ont un passé douloureux....Il apprendra qu’elle est riche alors cet amour
naissant est retenu....par honte il cache sa situation financière qui n’est pas aussi belle que la sienne ; il omettra de dire toute la vérité mais est-ce qu’il faut tout dire ? Ne peut-t-on pas
avoir un jardin secret même avec les gens que l’on aime ?.
Avec la Nuit à Baden-Baden est mis en scène un couple. Lui a une amie
Thérèse, mais il vit avec Anne depuis 7 ans. Cette nouvelle se passe entre Francfort et Amsterdam...Il cache son amitié avec Hélène pour éviter les jalousies, les scènes de ménages, les
représailles et du devoir de se justifier. Pour éviter les conflits il ne prendra pas ses responsabilités. Doit-on avoir avoir une totale transparence pour les êtres avec qui l’on vit
?
Avec La maison dans la forêt , une famille s’installe à la campagne, loin de
tout, du monde, de la vie...Lui écrit et s’occupe de la maisonnée et elle est un écrivain confirmée... Ils
ont souhaité se retirer à la campagne, le temps de l’écriture d’un livre, mais une
fois le roman de sa femme terminé, lui voudra conserver cet éloignement pour garder cette tranquillité. Il tait ce désir à sa femme et fera tout pour rester dans cette maison. Il cachera les
lettres, les journaux qui dévoilent le nom de celle qui a reçu un prix littéraire et qui n’est autre que celui de sa femme, il évitera tout contact avec les gens du
village.
Ce que sa femme et sa fille prenaient pour de la tranquillité et de la sérénité, va
se retourner contre eux. Ils vont vivre dans un enfermement parce que lui craint la persécution. Dans cette nouvelle il y a du suspense.
L’inconnu dans la nuit parle d’un étrange personnage assis à côté du
personnage principal dans un avion mais qui est vraiment cet homme ? Un fabulateur ? un angoissé ? un homme qui se raconte ?.
Son vécu est un peu rocambolesque, fou ! et son voisin l’écoute d’abord par
correction...curieuse vie que celle de cet inconnu qui met en scène sa relation avec une femme. L’histoire est lugubre, difficile, le suspense est captivant...
Nous faisons parfois des rencontres que nous oublierons mais qui nous éprouvent....et
qui nous font nous interroger sur nôtre propre existence.
Le dernier été parle d’un homme professeur à New York. Il se rend compte en
faisant le bilan de sa vie qu’il a vécu sur des leurres. L’idée de son bonheur avait été trompeur. Il invite ses enfants et petits enfants pour se rapprocher d’eux et de sa femme. Il décide de
mettre un terme à son existence parce qu’il souffre. Il cache une maladie grave pour protéger les siens, mais tout ne se passe pas comme prévu...cet été sera t-il vraiment le dernier de sa vie
?
Bach à Rugen, évoque un père et son fils, ou plutôt leur relation, et leur
passion de la musique classique. Le fils invite le père à un petit voyage dans le but de se rapprocher de lui...Mais ils n'éprouvent que froideur et distance; vont t-il parvenir à se parler, se
pardonner ?
Le voyage vers le sud...Une femme dans une maison de retraite se réveille un
jour avec le sentiment de ne plus aimer ses enfants alors qu'ils sont aimants et présents avec elle. "L'amour ne devrait pas être affaire de sentiment mais de volonté", phrase cruciale qui va
mener le leitmotiv de la nouvelle ! Cette femme pense qu'elle a raté sa vie parce qu’elle n’a pas suivi son coeur ni l'homme qu'elle a vraiment aimé. Elle s’est marié à un autre amour moins
important pour elle avec lequel elle a eu des enfants...
Sa petite fille lui propose un voyage vers le sud car elle a retrouvé la trace de son
premier amoureux. Si au début sa grand-mère est furieuse et regrette de s’être confiée à sa petite fille, elle finira par renouer avec sa vie et ses sentiments d’avant.
"Les grandes décisions qu'on prend dans la vie ne sont pas justes ou mauvaises,
on vit seulement des vies différentes" . Les décisions que l'on prend plutôt que d'autres influencent le destin.
Voilà des thèmes chers à l’auteur et qui sont intéressants. Il nous interroge sur la
relation à l’autre. Tous ont lieu pendant l'été, est-ce que cette saison propices aux mensonges ?
Nous sommes tous un jour ou l'autre confrontés à un mensonge, soit nous y sommes à
l’origine ou bien le témoin. Est-ce vraiment grave ? peut-on tout dire ?
La vie n'est pas une science exacte mais affaire de sentiments et d'émotions, basées
sur les relations. Nous sommes de toutes façons seul face à nous même. Il y a des mensonges qui peuvent amener à des drames et d'autres qui permettent de les éviter mais aucun ne sera anodin
!
L'auteur ici décrit des relations ambivalentes, déséquilibrées, où l'autre tient une
grande place. L'auteur a su décrire des personnages tourmentés, leur psychologie est travaillée, profonde.
Que l'on veuille protéger ses proches, ou que ce soit par égoïsme ou par
crainte, il est évident que parfois le mensonge peut servir à nous dissimuler.
Les relations ici sont faussées par les non-dits, les dissimulations ; Est-ce que
pour autant cela les rend moins humaines ? Pas sûr. Le mensonge permet de décrire la complexité des êtres humains et des relations. Les choix de vie que nous faisons peuvent influencer
toute une famille mais il n'y a pas de bon ou de mauvais mensonges, il n’y a ce que nous en faisons...
La nouvelle qui m'a le plus émue est celle de cet homme malade, qui souhaite vivre
une dernière fois entouré de ses proches le temps d’un week-end, car il sait qu'il va mourir...il a décidé le jour de sa mort : avant que la maladie ne le rende trop dépendant ; et puis
également Le voyage vers le sud qui met en conflit les générations et un retour aux sources inattendu.
L'auteur dans des nouvelles bien différentes les unes des autres, celle de l'inconnu
est étrange et surprenante, veut montrer que le choix de parler, de se taire, de mentir ou pas nous est propre à chacun; mais il faut assumer et ceux qui en sont témoins peuvent nous aider à les
dépasser en nous comprenant sans nous juger.
Parfois le lecteur se place du côté du menteur dont il approuve le
choix.
L'écriture est belle, douce, parfois poétique. Elle nous parle au plus profond de
nous et nous pouvons même nous retrouver dans les traits de caractères de certains personnages. Nous pourrions écrire même la suite tout simplement de
ces nouvelles parce que toutes peuvent être les prémices, l’ouverture d’un roman.