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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 09:21

En souvenir d'André


Auteur : Martin WINCKLER
Genre : (Témoignage) romanc(é)
Éditions : POL
Année : 2012
Nombre de pages : 198
ISBN : 9782286095895

Quatrième de couverture :

Ça se déroulait toujours de la même manière. Une voix appelait sur mon cellulaire, tard le soir ou tôt le matin. Elle demandait à me rencontrer en tête-à-tête. Et donnait la phrase rituelle :
«En souvenir d'André.»
Je me rendais à l'adresse indiquée et là, je rencontrais un homme, parfois seul, parfois avec une autre personne, de son âge ou plus jeune. On ne faisait pas de présentations. Ils connaissaient mon nom, ils m'avaient donné leur prénom. Lorsque le malade souffrait trop, l'autre personne était là pour m'expliquer. Je l'arrêtais très vite.
«Je vais d'abord m'occuper de la douleur.»

Mes impressions :

A l'unité de douleur, Emmanuel Zacks docteur apaise la souffrance, l'anxiété, la détresse des malades en fin de vie.
Un jour il reçoit l'appel d'un de ses collègues André qui souffre d'un mal incurable. Il lui demande de lui venir en aide et de l"assister". André en a assez de souffrir et surtout veut partir dans la dignité.
Aider quelqu'un à mourir, outre l'interdit médical et sociétal que cela représente est un problème humain : même quand il souhaite ardemment que la vie s'arrête, le malade a une histoire qu'il veut transmettre et Zacks se fait alors l'ultime confident...C'est ce qui lui permet de rencontrer Nora, fille d'un ancien médecin lequel a été "assisté" par Emmanuel. Entre eux, la fusion est totale pendant quelques années. À la fin de sa propre vie Zacks découvre le secret de Nora, qui l'aidera lui même à en finir.
le début du livre commence par l'histoire d'un médecin Emmanuel qui visite un collègue  André qui est en fin de vie. L'homme est alité depuis un mois en soins intensifs. Ce dernier a une maladie incurable, il demande à Emmanuel d'aller chez lui écouter ses dernières volontés et ses dernières pensées...
Devant ce cas de conscience, presque sans réfléchir Emmanuel se met du côté de ces patients qui souhaitent mourir dans la dignité. Au-delà du serment qui leur fait jurer de soigner et non d'abréger la vie il se pose des questions sur le geste non approuvé par tous. Emmanuel sera connu peu à peu dans le milieu des malades et bien d'autres feront appel à lui...
Ce livre nous interroge sur l'acharnement thérapeutique et sur l'euthanasie. Certains choisissent cet acte définitif pour ne plus souffrir mais cette pratique n'est pas autorisée dans certains pays et elle ne l'est pas dans le pays du narrateur....
Emmanuel Zacks est rempli d'humanité et va assister des malades dans leur choix mais avant de procéder à l'acte ultime il fait comprendre à ceux qui l'appellent à leur chevet que d'abord il va essayer de les soulager et que peut-être avec les antidouleurs, la douleur moindre étant, leur raisonnement, leur désir peut se modifier ; mais pour beaucoup ce répit ne sera que provisoire et de toute façon leur corps ne répond plus au traitement de chimiothérapie. Alors ils souhaitent partir en paix avec eux-mêmes alors avant leur fin ultime, ils écrivent ou dictent sur des carnets par Emmanuel les grandes lignes de leur vie, quelques souvenirs, l'amour qu'ils ont pour leur proche. Emmanuel consigne ou retranscrit les dernières paroles des malades. Ils racontent leur histoire familiale amoureuses, professionnelle plus ou moins douloureuse. Double utilité : l'apaisement moral et mental des malades, et pour Emmanuel souvenir de ses patients.

Dans ce roman Winrkler décrit le paradoxe qui veut qu'une comateuse se voit injecter une solution pour l'aider à mourir mais lorsqu'un patient émet l'idée qu'il souffre trop pour continuer ainsi, les médecins tentent de l'en dissuader.
Il dit "Sauver la vie était le blason des médecins, donner la mort, un privilège de leur carte".
L'auteur réfute et argumente les principes, les idées reçues, sur les malades, les maladies, les soins etc...
L'hypocrisie de certains agents hospitaliers, leur fuite face à la réalité, l'ironie de certaines situations, le "courage" de ceux qui ordonnent....ils se délestent parfois des gestes les plus pénibles...On passe de l'autre côté, du côté de ceux qui ont le pouvoir d'abréger la mort ou qui le prennent.
Ce roman ouvre une discussion profonde sur l'euthanasie ou choix délibéré, il pose les vraies questions. Où se situent les vraies libertés ?
Emmanuel lui n'agit pas par intérêt ou pour l'argent mais avec humilité, humanité. Avant tout il tente de soulager la douleur physique puis si le patient émet toujours l'idée d'en finir il prend sa décision en fonction de la capacité de la personne à raisonner mais aussi humainement. Il agit avec sa sensibilité, son coeur. Il n'agit pas légèrement ni mécaniquement. Il sait que le patient est un être humain intègre.
Écouter, soulager assister ceux qui sont en fin de vie voilà le dernier rôle que ce médecin aura auprès de ses patients.
En quelques phrases on comprend l'objet et le moteur de ce livre qu'il faut chercher dans son intimité.
L'épilogue est bouleversant, ce livre est fort, intense. Sans pathos.
Cet homme explique en quelques pages pourquoi il a choisi d'assister les gens qui souffrent et pourquoi ces derniers en arrivent à espérer le "suicide" thérapeutique. Souffrir est parfois plus cruel et plus insupportable que mourir.
Au début Emmanuel agira clandestinement puis de plus en plus ouvertement.
Dans les dernières pages, il nous parle aussi de sa vie et de son propre combat jusqu'à la fin.
Ce sujet est risqué et même si l'auteur en mesure les conséquences,  il continuera parce que dans la vie il y a des failles qu'il faut exploiter pour faire avancer la société et surtout ne pas se voiler la face.

 


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commentaires

G
Un sujet d'actualité et qui me touche, je note ce titre.
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M
En effet un sujet qui est très touchant. Ici décrit parfaitement.
A
Un roman sur un sujet difficile et qui fait polémique.
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M
<br /> <br /> Oui tout à fait...<br /> <br /> <br /> <br />
P
Un sujet grave qui mérite réflexion.<br /> Je ne connais ni le livre ni l'auteur mais je pense que ce bouquin pourrait me plaire.<br /> Bonne semaine. Je pars à la recherche du printemps...
Répondre
M
<br /> <br /> Oui beaucoup de questions....Oui je pense qu'il pourrait te plaire aussi.<br /> Alors as-tu trouvé le printemps ?<br /> Ici même dans le sud il ne fait pas très beau.<br /> Bonne semaine !<br /> <br /> <br /> <br />