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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 08:06

Le scarabée

 

Auteur : Jacqueline FABRE
Genre : roman
Éditions : France LOISIRS
Date : 1982
Nombre de pages : 400


Résumé :


Il s’appellent Josif, Thierry, Yannick, Basile.

Dans les chambres stériles dans un hôpital, ils montent des maquettes de bateau, dessinent, lisent, entre deux ponctions douloureuses et les perfusions brûlantes dans leurs petites veines sclérosées. Car ce sont tous des enfants condamnés. Par le cancer. Ces gosses qui ont trois ans, 5 ans, neuf ans (le plus âgé en a 15) parlent aussi. A leur amie Jacqueline Fabre. Une psychologue qui va les accompagner tout au long de leur calvaire. Et ce témoignage bouleversant nous raconte ainsi les souffrances, les rires, les aspirations de vivre de ces enfants martyrs tout autant qu’est leur vision du monde si aiguë si mûrie par la maladie. ces enfants, je ne veux pas qu’on les oublie...s’écrit Jacqueline Fabre dans ses ouvrages où elle dit toute sa détresse. Avec ce beau livre la mort de ses enfants est rachetée : ils sont entrés dans notre vie on ne les oubliera jamais.

Mes impressions :


Ce roman m'a bouleversée. Construit comme un carnet de note il retrace le quotidien d'enfants malades incurables sous la plume d'une psychologue généreuse qui les accompagne et qui tente avec des mots de leur faire exprimer leurs peurs, leurs angoisses, leurs envies aussi parfois. Elle essaie de se rendre disponible lorsque les parents ne peuvent pas venir voir leur enfant ou quand leur douleur et la solitude sont trop fortes.

Pas à pas l'auteur [qui est cette psychologue] s’interroge sur le sens de la vie, de la mort, sur ses enfants et leur capacité à endurer la maladie.
C'est elle la psychologue mais on a l'impression que c'est elle qui reçoit un enseignement de la part de ces enfants courageux qui parfois parviennent à sourire. Elle décrit le rythme des journées avec des mots simples, ceux qui sont compliqués et relatif aux termes médicaux, elle les explique en fin de page ; les visites de l'équipe médicale mais aussi la mort, la joie des rémissions qui ne durent pas très longtemps mais également les craintes particulières qui ne sont pas celles des enfants ordinaires de leur âge....mais parfois ils restent naïfs face aux événements de la vie, leur part d'enfant reste enfouie en eux.
Ces enfants grandissent plus vite que ceux qui ne sont pas malades. Ils savent décoder le langage et les attitudes des adultes, ils sont plus sensibles, plus dans l'instant. Ils vivent dans le présent et n'osent se projeter dans le futur.
Ces enfants passent de l'espoir au désespoir en quelques secondes et pourtant ils arrivent pendant quelques secondes à oublier leur maladie sauf peut-être lorsqu'ils sont en chambre stérile. Ils se lient alors entre eux.
L'auteur veut créer une fondation pour ces enfants leucémiques et pour qu'ils soient dans un lieu plus humanisé, qui leur est propre dans lequel les parents pourraient vivre à leurs côtés. Mais les finances publiques ne le permettent pas toujours, les moyens financiers manquent cruellement dans ces cas là. Je vous rappelle que ce livre a été publié en 1982 mais qu'il a été écrit pendant l'année 1972. Depuis les lieux d'hospitalisations se sont améliorées et le suivi également.

Quelle tristesse à la lecture mais aussi quelle force  ! … Ce roman ne comporte pas de chapitres mais deux parties toujours avec la même construction.
L'écriture est directe, saccadée qui laisse passer la froideur et la douleur des situations en même temps que la chaleur du personnel et des autres malades qui se soutiennent même si certains se chamaillent ils savent qu'ils sont dans la même galère et n'hésitent pas à tendre une main à l'autre voisin de lit.
Les dialogues sont entrecoupés de réflexions sur les enfants malades, leur courage, la mort, la vie sur les difficultés de supporter les traitements. Et la vie qui s'en va...

Malgré toutes ces souffrances la vie continue et la psychologue s'octroie des plages de vacances afin de pouvoir continuer à travailler dans ce service.
J'admire le dévouement des soignants et des médecins qui mettent tout en œuvre pour prolonger la vie en tentant d’amoindrir les douleurs avec les médicaments appropriés.
Cependant une question délicate se pose  : doit-on tout dire à l'enfant de sa maladie, de ses

possibilités, de sa gravité ou est-ce que le personnel soignant doit laisser une part d'ombre pour ne pas décourager les malades  ??? est-ce que cette décision se prend selon la personnalité du jeune patient  ? Quelle cruelle décision que celle de dire ou de taire. Je salue le travail et le courage de ce personnel.
Un livre qui est bouleversant mais une fois lu en effet nous ne pouvons oublier ces enfants là  !

parce que peut être l'injustice réelle est insupportable....


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10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 09:41

La passerelle

 

Auteur‭ ‬:‭ ‬Lorrie MOORE
Genre‭ ‬:‭ ‬roman
Editions‭ ‬:‭ ‬Les éditions de l’olivier
Date‭ ‬:‭ ‬2010
Nombre de pages‭ ‬: 400
ISBN‭ : ‬978-2757822791

Quatrième de couverture :

Tassie Keltjin est une vraie " country girl ". Élevée dans une ferme du Midwest, elle sait à peine ce qu'est un taxi et n'a jamais franchi les portes d'un restaurant chinois. Lorsqu'elle s'installe en ville pour ses études, elle plonge avec euphorie dans ce tourbillon de nouveautés : le campus, les cinémas, les longues discussions entre amis... Elle a vingt ans et tout à découvrir. Pour arrondir ses fins de mois, elle trouve un emploi de baby-sitter dans une famille atypique. Sarah dirige un restaurant à la mode; Ed a les cheveux longs, bien qu'il frôle la cinquantaine. Ils ont adopté une petite fille métisse, Mary-Emma. Rapidement, le tableau idyllique se décompose. Le couple est de plus en plus étrange et la couleur de peau de l'enfant confronte chaque jour Tassie au racisme ordinaire. Avec une vivacité d'esprit proche de Grace Paley, Lorrie Moore dresse le portrait d'une jeune femme et de ses grandes espérances. Mais derrière l'ironie qui vise juste, c'est aussi un livre bouleversant sur la fragilité des apparences et sur une Amérique en plein désenchantement.

Mes impressions‭ ‬:

Tassie originaire de Perryville monte à Paris pour ses études et pour pouvoir se les payer, elle cherche du travail en tant que baby sitter.‭ ‬Là elle fait la connaissance de Sarah.‭ E‬lle tient un restaurant et ensemble avec son mari vont adopter une petite fille.‭
Avant de prendre son poste Tassie retourne pour quelques jours chez ses parents pour les fêtes de Noël.‭ ‬Elle retrouve son frère désoeuvré,‭ ‬il ne sait pas encore quel sera son avenir professionnel mais envisage d’intégrer l’armée.‭
Ce séjour signe le retour à ses origines, il est fait de souvenirs,‭ ‬de rappels d’un autre temps,‭ ‬de simplicité
Quand elle rentre de ce séjour elle prend son poste.‭ ‬La petite fille adoptée est métisse. Quelques temps plus tard alors qu’elle la promène elle va assister à une scène raciste en son encontre. Elle sera horrifiée et elle va en parler à Sarah.‭ ‬Cette dernière décide de créer un groupe de soutien.
Cette confrontation au racisme lui fera prendre consience de la gravité d’être de couleur dans ce monde souvent injuste et intolérant.
Durant son travail elle se rend compte que les blancs ont un regard particulier sur les gens de couleur:
“Les noirs sont utilisés pour se divertir et pour parfaire l’éducation des enfants blancs”.
Les relations avec ses employeurs sont étranges; elle estime qu’ils ont une part de mystère mais ne critique jamais leur façon d’être et de faire. Elle se montre ouverte et compréhensive.
Sarah un jour se confie à Tassy,‭ ‬elle lui parle du drame qui s’est déroulé  chez eux,‭ ‬chez Edward et Sarah il y a quelques années.‭ ‬Ce drame nous coupe le souffle.Ils les a bouleversés pour toujours. Leur vie intime et de famille vont être remis en cause....Ce drame remet en question et donne des doutes sur la légitimité de l’adoption d’Emma.....

L’auteur s’est parfaitement mise dans la peau de cette jeune fille. Justesse et émotion.
En quittant son midwest West natal elle laisse pour un temps son père fermier et Lutherien, une mère juive et un frère secret.
Quand elle retourne chez sa famille pour l’été et les vacances elle aide son père au travail à la ferme... le ton est grinçant; elle présente son passé avec piquant mais chaleur.
Le ton change quand elle réintègre le milieu parisien; elle a d’autres responsabilités tout aussi importantes. Et vit d’une façon différente dans cette grande ville.
Tassie est une personne un peu naïve,  avec une grande intelligence émotionnelle ; elle possède un sens aigu de ce qui l’entoure et de la vie. Elle a le sens du détail qui prend de la place dans son esprit. Elle est une jeune femme simple qui essaie de se raccrocher à des choses élémentaires pour continuer de vivre....Elle possède également une acuité psychologique qui lui permet d’être au plus juste dans les descriptions qu’elle aime faire avec humour et tendresse. Avec ses mots le style du livre est accessible et très plaisant.
Lorrie Moore nous offre là un tableau de confiance et ordairne mais peu à peu le couple que forme Edward et Sarah devient inquiétant et surtout peu banal.
Le décor, une Amérique au début du 21ème siècle est très bien décrite. Les dialogues entre Tassie et son petit ami de l’époque qui finira par la quitter sont profonds. Ils parlent ensemble de politique, d’attentats....
Même s’il ne se passe pas grand chose dans ce roman, la simplicité bizarrerie des personnages et/ou des situations nous offrent un roman intime parfois réaliste, fantaisiste et une fois terminé nous découvrons qu’il inssufle des idées politico-économico-sociétale.....à y bien regarder de près elles seront révélatrices d’une Amérique non détachée des réalités raciales ....
La description de la mort du frère de Tassie dans des circonstances douloureuses pourrait la faire sombrer dans une culpabilité certaine mais elle va s’aider de la vision qu’elle a du monde pour relativiser.
Un beau roman qui se lit facilement et qui nous interroge....sur la vie et sur ce qui nous entoure.

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 08:00

Home.jpg

 

 

Auteur : Toni MORRISON
Genre : Roman
Éditions : Christian Bourgeois éditeur
Année : 2012
Nombre de pages : 152
ISBN : 978-2267023831

Résumé :

L' histoire se déroule dans l'’Amérique des années 1950, encore frappée par la ségrégation.
La guerre de Corée vient à peine de se terminer, et le jeune soldat Frank Money rentre aux Etats-Unis, traumatisé, en proie à une rage terrible qui s’exprime aussi bien physiquement que par des crises d’angoisse. Il est incapable de maintenir une quelconque relation avec sa fiancée rencontrée à son retour du front et un appel au secours de sa jeune soeur va le lancer sur les routes américaines pour une traversée transatlantique de Seattle à Atlanta, dans sa Géorgie natale. Il doit absolument rejoindre Atlanta et retrouver sa soeur, très gravement malade. Il va tout mettre en oeuvre pour la ramener dans la petite ville de Lotus, où ils ont passé leur enfance. Lieu tout autant fantasmé que détesté, Lotus cristallise les démons de Frank, de sa famille. Un rapport de haine et d’amour, de rancoeur pour cette ville qu’il a toujours voulu quitter et où il doit revenir. Ce voyage à travers les États-Unis pousse Frank Money à se replonger dans les souvenirs de son enfance et dans le traumatisme de la guerre ; plus il se rapproche de son but, plus il (re)découvre qui il est, mieux il apprend à laisser derrière lui les horreurs de la guerre afin de se reconstruire et d’aider sa soeur à faire de même.

Mes impressions :

Je remercie Olivier Moss de PriceMinister. Ce livre est un des nombreux à avoir été sélectionné pour participer au   Matches littéraires de la rentrée.
J’ai choisi Home de Toni Morrison ...
Frank est démobilisé à la fin de la Guerre de Corée. Nous sommes dans une Amérique des années 50. Il a 24 ans, il est hanté par son enfance et les souvenirs de Guerre où il a vu mourir ses deux amis d’enfance. Il fera un séjour en hôpital psychiatre dans lequel il côtoiera la maladie et la misère....Il ne se sent pas de rentrer chez lui près d’Atlanta. Il se marie avec Lily mais leur histoire tourne court, le jeune homme est paralysé par son vécu.
Un jour Frank reçoit un message disant que sa soeur cadette Cee est en danger auprès d’une médecin blanc démoniaque qui fait sur son corps des expériences médicales. Il va alors tenter de la sauver. Pour cela il  traverse l’Amérique en bus puis en train pour retrouver sa soeur à Lotus en Géorgie. Pendant ce voyage il rencontrera des personnes qui vont lui apprendre par la force des choses à savoir et comprendre qui il est lui même....
Ce roman est en quelque sorte un «Road Movie», un voyage intérieur de Frank désireux de venir en aide à sa soeur. Ce périple va l’aider à devenir adulte.
Je suis touchée par ce roman qui en quelques pages évoquent de nombreux thèmes, la ségrégation, ,l’appartenance, l’intégration des noirs, la fraternité, la misère, les violences sous toutes ses formes.
Toni Morrison à travers le parcours d’un jeune homme Frank torturé, suggère sans les nommer les vérités de cette époque et donc fait s’interroger tous les lecteurs.  
Ce court récit qui évoque tellement de choses, de drames, mais toujours avec pudeur nous emmène dans des souffrances et des révoltes, dans des vérités, dans les incompréhensions de ses personnages  face à une vie qui leur échappe .Tous sont psychologiquement denses. Ils se révèlent à travers leur ombre et leur lumière et révèlent leur universelle humanité.
Le style est direct, précis et donc n’a pas besoin de décrire longuement les pensées et les évènements.
La principale qualité de ce roman est qu’il nous fait ressentir l’expérience intime de ses personnages sans la nommer. Une expérience réussit qui nous fait penser que l’auteur ne dénonce pas mais fait un travail de mise au point et de révélation inspirés.
Extrait : «Ne compte que sur toi même. Tu es libre. Rien ni personne n’est obligé de te secourir à part toi. Sème dans ton propre jardin. Tu es jeune, tu es une femme, ce qui implique de sérieuses restrictions dans les deux cas, mais tu es aussi une personne. Ne laisse pas Lenore ni un petit ami insignifiant, et sûrement pas un médecin démoniaque, décider qui tu es. C’est ça l’esclavage. Quelque part au fond de toi, il y a cette personne libre dont je parle. Trouve-la et laisse-la faire du bien dans le monde»

Note : 15/20

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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 09:33

Le-pere-adopte.jpg

 

Auteur : Didier VAN CAUWELAERT
Genre : Roman
Éditions : Le livre de poche
Année : 2009
Nombre de pages : 250
ISBN : 978-2253127666

Quatrième de couverture :

Quels drames et quels enjeux faut-il pour qu'un enfant décide de gagner sa vie comme écrivain, à l'âge où l'on perd ses dents de lait ? En révélant ses rapports avec son père, Didier van Cauwelaert nous donne les clés de son oeuvre. Un père à l'énergie démesurée, à l'humour sans bornes et aux détresses insondables, qui a passé sa vie à mourir et renaître sans cesse. Un père redresseur de torts et fauteur de troubles, qui ré enchanta le monde par l'incroyable force de son destin, de ses talents et de ses folies au service des autres. 'Le Père adopté' est à la fois un récit des origines et un appel à inventer sa vie en travaillant ses rêves.

Mes impressions :

Ce roman est comme un hommage post-morten d’un fils à son père...
Tous les deux avaient la passion des mots L’auteur a commencé à écrire à 7 ans.
Il vit au sein d’une famille recomposée, l’enfant passe ses vacances dans sa demi-famille mais toujours sous l’oeil protecteur et fier de son père.
Ce livre raconte la naissance d’un écrivain, ses rencontres avec sa demi-famille, ses proches
Il se remémore et retrace également la vie de son père, des souvenirs appartenant à son enfance, ou au passé de son père et les lui raconte. Pour cela il va s’aider d’un carnet de note dans lequel son père relatait ses souvenirs...
Le fils enfant, s’invente un père un peu plus glorieux, un roi,  par exemple pour en être fier mais à sa mort il se rend compte que son père était son héros malgré tout et qu’un père on en a qu’un seul !
Entre le père et le fils il y a cette complicité qui fait la force du lien parental. Mais également le respect des siens, des actes et décisions prises par chacun.
D’habitude je ne suis pas attirée par ce genre de roman à à titre posthume, mais connaissant le style de l’auteur, je me suis laissée tenter et je ne suis pas déçue. Ce récit est chaleureux, ponctué par le travail de mémoire, de toute une vie, de la sienne et de celle de ses proches; c’est en quelque sorte un pied de nez à la mort.
La connivence, la complicité entre le père et le fils sont palpables, émouvantes. L’écriture est recherchée, positive, poétique, avec une pointe d’humour.
Il s’adresse à son père avec tendresse, respect, affection et amour jusqu’à arriver à l’ultime journée celle de la mort de ce père tant aimé.
Un très beau livre qui se lit d’une traite et qui nous émeut. Cependant il n’est pas larmoyant mais juste et assez tendre pour s’y accrocher.

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13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 08:50

Et puis Paulette

 

Auteur : Barbara CONSTANTINE
Genre : Roman
Éditions : Calmann-Lévy
Année : 2012
Nombre de pages : 305
ISBN : 978-2702142783

Quatrième de couverture :

Ferdinand vit seul dans sa grande ferme vide. Et ça ne le rend pas franchement joyeux. Un jour, après un violent orage, il passe chez sa voisine avec ses petits-fils et découvre que son toit est sur le point de s’effondrer. À l’évidence, elle n’a nulle part où aller. Très naturellement, les Lulus (6 et 8 ans) lui suggèrent de l’inviter à la ferme. L’idée le fait sourire. Mais ce n’est pas si simple, certaines choses se font, d’autres pas…
Après une longue nuit de réflexion, il finit tout de même par aller la chercher.
De fil en aiguille, la ferme va se remplir, s’agiter, recommencer à fonctionner. Un ami d’enfance devenu veuf, deux très vieilles dames affolées, des étudiants un peu paumés, un amour naissant, des animaux. Et puis, Paulette…

Mes impressions :

Un vrai coup de coeur avec ce quatrième roman de cette auteure que j’affectionne tout particulièrement ! Je ne suis pas déçue par cet opus là !
Il se situe dans la veine de «A Mélie sans Mélo»  ... et je suivrais absolument cette auteure talentueuse ! ce roman est tout en douceur, sentiment, sensibilité comme je les aime.
Ferdinand sauve in extremis Marceline sa voisine du suicide, lui c’est ce qu’il croit mais était-ce vraiment un suicide ? ou seulement un souci de tuyau de gaz défectueux ???. La vérité est que l’installation de la maison de Marceline n’est pas aux normes et que cela peut être dramatique. Il s’en rend compte lorsqu’après un violent orage, la toiture cède....Après quelques réflexions il va lui proposer de venir habiter chez lui le temps des réparations.
Avant il vivait avec son fils Roland, sa belle fille Mireille et leurs deux enfants, les deux Lulus. Ils  tiennent un restaurant au village mais depuis deux mois ils sont partis vivre dans une autre maison....
Muriel et Louise sont étudiantes en 2ème année de formation infirmière ; elles cherchent un petit emploi afin de pouvoir payer un loyer et leurs études. Elles iront trouver Mireille qui n’hésitera pas à les embaucher en extra. Muriel va intégrer également la maison de Ferdinand.
Guy et sa femme Gaby, tata des deux Lulus sont des amis de Ferdinand, mais lorsque Gaby meurt, Guy est désemparé, désorienté, il se laisse mourir. Une fois de plus par générosité Ferdinand lui propose de vivre avec lui et Marceline.
Hortense et Simone sont deux soeurs, enfin disons belles soeurs. Hortense perd la mémoire, et vivre seules toutes les deux peut-être dangereux...Alors Ferdinand qui comprend la situation va également leur proposer de vivre chez lui ! et puis...et puis...La maison se remplit sans que jamais Ferdinand ne regrette.
La vie à la campagne est vraiment différente de celle des villes, les habitants sont plus solidaires plus compréhensifs, ils ne s’embarrassent pas toujours du qu’en dira-t-on, ils agissent par solidarité et par humanité ;  Ils sont simples emplis de sentiments, d’humilité entre eux; une entraide incommensurable ! La maison de Ferdinand va être habitée par des personnes aux caractères bien différents et aux vies variées et pourtant ils s’aideront mutuellement à affronter les soucis respectifs de leurs vies mais également les joies...et tout cela dans le respect de l’autre et de ses différences. Ils vont nous donner une belle leçon de vie et de courage, de solidarité car les épreuves que chacun traverse sont là pour nous montrer que la vie est loin d’être facile, dépression, maladie, séparation, problème de travail .....
Peu à peu tout ce petit monde se retrouve simplement autour d’un repas, oublie leur solitude et même certains retrouvent le moral....Tous sont animés par une réelle sensibilité et n’essaie pas de percer les mystères des uns et des autres, ils se respectent, s’entraident et s’aiment. Ils apprennent la vie et certains ont partager leur expériences.  Et puis l’arrivée inattendue d’une ultime personne va tous les bouleverser....La fin m’a énormément émue, touchante.
Qui a dit que les générations ne pouvaient pas cohabiter. Sûrement pas Barbara Constantine !
Solidarité, humanité, fraternité, sont les valeurs qui devraient être celle de la France entière, rurale ou pas ! et au passage elle propose avec ce roman une alternative aux maisons de retraite.
Un roman où l’amitié, l’amour, le respect l’entraide sont les meilleurs des médicaments ! et la plus belle chose au monde quand la vie est bien fragile ou éprouvante
Toujours avec humour, et tendresse, Barbara Constantine décrit des personnages hauts en couleurs, attachants, humains ! Bravo ! car elle sait parler à notre âme et à ce qui se trouve au fond de nous.
Dans un langage, simple, souvent de la campagne, elle sait faire passer les émotions pour notre plus grand plaisir.
Un site a même été créé sur la solidarité et « les vieux », je vous laisse le découvrir même s’il est en cours de construction.
Sont aussi des romans que j’ai appréciés :
Allumer le chat.
Tom, petit Tom, petit homme

A  Mélie sans mélo

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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 15:55

Roman à l'eau de bleu

 

Auteur : Isabelle ALONSO
Genre : Roman
Éditions : Éloïse d'Ormesson
Année : 2012
Nombre de pages : 380
ISBN : 978-2350877912

Quatrième de couverture :

Imaginez un monde où les femmes ont toujours eu le pouvoir. Deux représentants du sexe faible, les hommes, se heurtent à la domination féminine. Enfermés dans leur position d’objet de désir, ils enchaînent déboires et désillusions. Cette planète où les rapports sont inversés révèle avec plus d’éclat encore l’absurdité de nos conventions…
Comédie désopilante, Roman à l’eau de bleu épingle les travers d’une société où les hommes d’extérieur veulent rentrer à la maison, où la maternité est le rouage central du système. À contre-courant du politiquement correct, cette percutante fiction sociale donne à rire et à réfléchir.
Elle fallait le faire.

Mes impressions :

Quel roman original et étrange ! Je ne m'attendais pas à tant de lucidité...On sent que l'auteure  quelque peu a pris conscience des aberrations censées légitimes qu'il existe de nos jours entre les deux sexes...que tout oppose !
Mais voyons déjà les personnages qui pourraient ressembler à nos voisins et/ou proches.
Kim est étudiant. Il vient de terminer ses études à la Normale
Puis il y a son meilleur ami, Loup étudiant à l'institut polybotanique, ils ont 20 ans.
En dehors de sa passion de la nature, il espère trouver son âme sœur ...
Les parents de Kim Bernardine et Gil vont héberger Loup pour un temps. Les deux amis vont vivre dans une roulotte au fond du jardin.

L'auteure fait une description pertinente de la différence entre homme et femme, que ce soit au niveau biologique, physiologique, humain, de l'intégration dans le milieu professionnel et l'inégalité des salaires pour un même poste, dans le domaine politique....
L'humour est décalé comme le sont les personnages...car ce qui est très original dans ce livre est que les rôles sont inversés ; Les femmes ont pris le « pouvoir » et les hommes sont considérés comme « inférieurs » ; les femmes trouvent cela normal.
Et puis Gil, Loup et kim vont se trouver piéger dans un rôle difficile, ceux des éconduits....

Ici ceux seront les hommes qui se sont battus pour les droits acquis, comme l'IVG,  le droit de vote et qui se battent pour d'autres droits à venir comme l'égalité des salaires,  la participation aux affaires ménagères, à l'éducation des enfants... bref à leur statut et leur place dans la société.
Ici ce sont les hommes qui élèvent les enfants et tiennent la maison, s'épilent, se maquillent...curieux non comme idée ?
Ce qui a un peu perturbé la limpidité de ma lecture, est la mise au féminin dans ce monde où les hommes ont les capacités des femmes et vice versa. On voit bien que l'auteur s'est amusée à donner la priorité aux femmes, aux féministes et a fait passer les hommes au second plan ...Mais ne vivons nous pas dans un monde de machos ????
Mais au lieu de démystifier et critiquer les être humains et les remettre à leur place, l'auteur montre que la domination est injuste et ce, que l'ont soit homme ou femme. Un monde meilleur serait que la parité soit effective dans tous les domaines et que l'on parvienne à une société dans laquelle il n'existe plus de dominés et de dominants. Idéalement bien sûr car cela me parait impossible.
Ce roman est une parodie de la société actuelle, dans laquelle la femme aimerait être plus considérée et non simplement vu comme une personne sexuée et sexuelle et enfin devenir  l'égale de l'homme.
Les rôles sont inversées ici et c'est ce qui est hilarant ! L'auteure se lâche, jeux de mots, clichés, idées préconçues, bien arrêtées sur la place des uns et des autres.
Un passage m'a été particulièrement difficile à lire car il était violent. Il s'agit de loup qui se fait violer par des femmes....et qui en gardera de grosses séquelles. Ce passage à dénoté dans le roman et pourtant il fallait que l'auteur montre à quel point les femmes peuvent être victimes de leur naissance et de leur sexe.
Il est question de violence, d’injustices, de dominations, trahisons, de sexisme, de féminisme, d'hoministe etc....qui sont autant de sentiments et de pratiques à détruire. Que l'on soit hommes ou femmes , la domination crée des drames parce que la souffrance se fera ressentir humainement.
Je sors de ce livre plutôt bizarre, j'ai été émue, triste, révoltée, j'ai même souri mais l'auteure a réussi à faire passer le message sur l'égalité des sexes ou le rapport dominant/dominé.
Il fallait oser écrire un livre qui inverserait la domination et où le sexe dit faible devient le sexe dit fort.

Extrait : « Si gouverner c'est prévoir, alors je ne vois pas comment des hommes peuvent prétendre gouverner, s'ils en étaient biologiquement capables, ça se serait déjà manifesté ! Pour eux la vie, c'est l'instant, le jeu, le
défi, l'agressivité, l'éternel masculin quoi... »

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2 octobre 2012 2 02 /10 /octobre /2012 16:33

L'enfant de trop

 

Auteur : Viviane AUGER
Genre : Roman

Éditions : Lucien Souny

Année : 2012

Nombre de pages : 160

ISBN : 978-2-84886-373-3

 

Quatrième de couverture :

 

Le jour même de ses cinq ans, Angèle, le cœur brisé, quitte son village natal pour être placée dans un orphelinat religieux réputé pour sa discipline de fer. Mais pourquoi ? Elle n'est pas orpheline... Elle a une mère, des frères et sœurs, et surtout une grand-mère maternelle, Antonia, la seule qui l'aime et la choie. Mais personne n'a réussi à convaincre la mère de renoncer à sa décision.
Cette dernière tient Angèle pour responsable du départ de son père, un mois avant sa naissance. Elle est devenue l'enfant de trop. Reniée, Angèle passera huit ans au pensionnat. Grâce à un couple d'aubergistes, elle quittera cet endroit sinistre. Pourtant, si la fillette, devenue adolescente, parvient à panser ses blessures, elle ne réussit pas en revanche à oublier les souvenirs déchirants qui l'ont éloignée de sa famille.
A l'aube de son vingtième anniversaire, elle décide de revenir au pays pour interroger sa grand-mère et percer le mystère qui entoure la disparition de ce père inconnu. La joie, avec laquelle elle entreprend ce voyage, fait vite place à l'incertitude, au doute et à l'angoisse. Elle sait pourtant que c'est à ce prix que son cœur cessera de saigner. Saura-t-elle trouver la force d'affronter ce retour aux sources et d'entendre la vérité ? Après ces interminables années de galère, aura-t- elle enfin droit à sa part de bonheur ?

 

Mes impressions :

Nous sommes en 1950, Le roman s'ouvre sur Angèle née dans le Roussillon qui revient au pays, 15 ans après l'avoir quitté parce que placée par sa mère dans un couvent où elle sera plus tard adoptée par un couple d'aubergistes.
Motivée par un sentiment de désamour, hantée par des questions sans réponses, elle décidera à l'âge de 20 ans de retrouver Antonia sa grand-mère afin de connaître la vérité sur son père qui serait parti un mois avant sa naissance....
Sa grand-mère qui n'a jamais cessé de l'aimer, lui raconte à peine arrivée, l'histoire de sa vie....Et là elle s'aperçoit que pendant toute ces années, elle ne connaissait pas la vérité et avait grandi avec de la colère, de la rancœur injustifiée vis à vis de son père....Elle y apprend aussi la triste réalité sur la mort de ses sœurs jumelles et le départ de son frère....
Lorsqu'elle était enfant sa mère dépressive suite au départ de son mari devient fragile psychologiquement et ne pouvait plus s'occuper de ses enfants.
Angèle nous raconte comment elle a vécu son enfance, sa jeunesse, sa vie d'enfant, l’errance suite au départ du père et donc l'humiliation. Les secrets de famille sont bien lourds parfois pour une petite fille. Antonia elle, raconte ce qu'il s'est passé réellement pendant l'absence du père et la véritable raison de son départ.

L' écriture est vive, alerte, rapide. La narration ne s'embarrasse pas de détails. Elle décrit un ensemble de faits, d'évènements, de vies brisées par les mensonges, les douleur et les trahisons avec deux points de vue, celui d'Angèle et celui d'Antonia. Elle passe 15 jours ensemble à se raconter.
Le récit permet au lecteur de supposer, de suggérer . A chaque page il attend de découvrir la vérité. Et lorsqu'elle est nommée, lorsqu'elle est dite, tout devient clair et limpide. Les douleurs passées sont effacées....peut-être un peu trop vite à mon sens.

L'auteur « survole » les événement rapidement et cela crée un effet de précipitation, un manque de souffle.

L'histoire reste émouvante : tragédie, secrets, mensonges pour finir avec une réconciliation nécessaire sans laquelle il est impossible de construire un avenir serein, ni recevoir sa part de bonheur. Il n'est jamais trop tard pour comprendre et pardonner. Mais je pense que plus de psychologie, plus de sentiments décrits amplement auraient donné à ce roman une autre dimension ou bien un autre regard sur les blessures d'enfances.


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29 septembre 2012 6 29 /09 /septembre /2012 10:37

Je m'appelle Lotte et j'ai 8 ans

 

Auteur : Anne B. RAGDE
Genre : Roman

Éditions : Balland

Année : 2012

Nombre de pages : 332

ISBN : 978-2353151455

 

Résumé de la quatrième de couverture :

 

1960 : Lotte, 8 ans, habite Trondheim, Norvège. Son existence sans soucis s’écroule le jour où ses parents se séparent. Le père part vivre avec une jeune veuve, Monica, et ses deux enfants. Lotte, très attachée à son père, un homme sensible et gentil, se referme sur elle-même, perd la confiance de ses deux meilleures copines et noue une nouvelle amitié avec Marit. Toutes deux passent des heures à collectionner et à échanger des images chromo (celle d’un tigre contre celle d’un ange par exemple). Les relations avec sa mère, rongée par l’amertume et la jalousie, sont très difficiles. Pendant les vacances dans la ferme de ses grands-parents paternels, Lotte retrouve un peu de sa joie de vivre. Mais à cette époque où le divorce est encore mal accepté, la petite est étouffée par le poids des non-dits, de la honte, des secrets de famille et se sent trahie par son père. Lotte développe un sentiment qui ne la quittera plus jamais : celui de ne pas savoir qui elle est et d’être une inconnue pour elle-même.

 

Mes impressions :

L'histoire se passe en Norvège.

Lotte passe donc ses vacances d'été chez ses grands-parents à la ferme, où vit également son oncle le frère de son père ; le reste du temps elle vit à Trondheim avec sa mère. Ses parents vont divorcer.

Le père désormais a une autre famille, il va vivre avec Monica et ses deux enfants. Bente prend très mal l'annonce de la nouvelle vie de son « mari », il y a de la jalousie, de la rancœur et de la colère.
Madame Sybersen, voisine et amie de Bente essaie de la soutenir, elle sera sa confidente.
Marit et Lotte deviennent amies : toutes les deux ont un point en commun : la séparation de leurs parents.

Le divorce dans les années 60 n'est pas entré dans les mœurs et est encore tabou. Lotte que ce soit à l'école où en ville subit les railleries de ses camarades, les regards médisants et réflexions déplacées sans vraiment les comprendre.
Lotte est une petite fille à l'intelligence émotionnelle ; elle analyse tout : les lieux, les ambiances, les gens, sa famille. Elle pose un regard interrogatif sur ce qui l'entoure.

Lorsqu'elle est chez sa mère l'ombre du père plane douloureusement. Il continue de peupler ses souvenirs. La mère aux souffrances palpables, jalouse et triste de la nouvelle vie de son mari est désespérée.
Elle tente de se reconstruire, pour cela elle coud et s'occupe de la maison mais Lotte sent bien qu'elle est en souffrance. Alors elle tentera du haut de ses huit ans de redonner le sourire à sa mère.
Quand vient le soir, la nuit, les angoisses de Lotte se matérialisent en ombres lugubres sur les murs et dans sa chambre...

Ce roman est un livre sur les souvenirs ; il alterne les récits de vie chez la mère après la séparation, avec son cortège de solitude et d'habitudes ; également quelques rares souvenirs du temps heureux lorsque la famille était encore réunie ; et encore le temps passé chez ses grands-parents paternels. Lotte ne trouve plus sa place. Elle est partagée entre sa vie avec ses parents quand ils formaient encore un famille , sa vie avec sa mère seule et les rares visites toujours fugaces chez la nouvelle compagne de son père qu'elle n'a pas encore rencontrée....

Le thème de la séparation et de la vie éclatée de Lotte est le thème principal. De son point de vue et de celui de ses parents. Il est bien question de souffrance et de reconstruction . On ne sort pas indemne d'une séparation que l'on soit les principaux protagonistes ou les descendants ou ascendants.
Lotte gardera au fond d'elle une blessure qui la fera grandir plus vite que les autres enfants de son âge.Elle est une petite fille attachante qui apprend le monde et la vie des adultes à ses dépens.
Elle subit la situation entre une mère qui se sert d'elle pour blesser son père et un père qui lui a décidé de s'occuper de sa nouvelle compagne et de ses enfants jusqu'à nier sa fille de sang.
Les adultes se servent de Lotte pour régler leur problème de couple. Il ne se mettent pas à sa place ; elle passe « après » leur nouvelle vie. Elle est l'enfant de trop....C'est le sentiment que j'en ai eu à la lecture de ce livre. Sa mère n'arrive pas à faire abstraction de sa colère et de sa douleur et le père pense plutôt au bonheur de sa nouvelle compagne de ses enfants et du qu'en dira t-on. Le regard des autres sur sa situation prend plus de place pour lui que sa propre fille jusqu'à l'effacer et la rendre invisible. Alors que Lotte sait sa mère fragile elle ne veut pas prendre partie.
On est triste pour elle et on aimerait la prendre dans nos bras pour l'aider à surmonter sa peine.
Les enfants ne comprennent pas le monde des adultes et les adultes ne se rappellent pas parfois qu'ils ont été enfants. Le divorce et les conséquences sur les enfants et les proches se perçoit dans les subtilités de la narration.
Lotte est bouleversante, émouvante et ses parents inconscients de leur faits et gestes, sont souvent maladroits.
Le style de la narration est agréable, peut-être un peu trop perfectionniste, un peu lent. J'ai trouvé certains passages un peu longuets qui alourdissent le récit.

Je le trouve également un peu superficiel mais ce roman reste émouvant quand il s'agit de se rendre compte de l'épreuve que doit surmonter Lotte.

Il est parfois fébrile mais la psychologie des personnages prend de la place. C'est dans la narration que nous la percevons.

Ce livre nous plonge dans les pensées de Lotte et nous donne également une vue du monde et de la vie des adultes à travers les yeux d'une petite fille de 8 ans.


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21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 17:05

La liste de mes envies

 

Auteur : Grégoire DELACOURT
Genre : Roman

Éditions : JC Lattès

Année : 2012

Nombre de pages:187

ISBN / 978-2709638180

 

Résumé de la quatrième de couverture :

 

Lorsque Jocelyne Guerbette, mercière à Arras, découvre qu'elle peut désormais s'offir ce qu'elle veut, elle se pose la question : n'y a t-il pas beaucoup à perdre ?

 

Mes impressions :

Alors que beaucoup de personnes rêveraient de gagner le gros lot pour pouvoir faire tout ce qu'ils souhaitent faire et acheter, Jocelyne ici n'a pas la même réaction quand elle s'aperçoit qu'elle a le ticket gagnant ! Elle a peur au contraire de perdre tout ce qu'elle a. Elle connait ce qu'elle a mais que deviendra sa vie si elle accepte d'empocher le chèque ?. On dit bien que dans une situation qui change on sait ce que l'on perd mais sait-on vraiment ce que l'on va gagner ?. Ce livre nous interroge. Il est un bijou.
Le rêve de Jocelyne 47 ans était d'être styliste à Paris mais elle est mercière à Arras....
Elle n'a pas la taille mannequin, elle a créée un blog qu'elle remplit d'articles concernant sa passion des étoffes, des boutons, de la broderie.....
Sa mère est morte et elle souffre de son absence ; son père perd la tête toutes les six minutes suite à un accident vasculaire cérébral.
Elle a rencontré il y a des années, Joseph et ça a été l'amour fou, aimant, rassurant. Ils ont eu deux enfants qui sont partis maintenant de la maison et qui font leur vie. Un troisième enfant est mort né et le couple en est sorti meurtri. Jo est devenu cruel, il s'est mis à boire. Jocelyne a préféré se taire et a pris sur elle la violence et l'intimidation de son mari. Mais à force de patience et de tendresse elle a apaisé Jo jusqu'au jour où elle gagne une grosse somme au loto....

Un livre qui a illuminé ma journée....Il est touchant, sensible comme l'est Jocelyne.
Jocelyne a deux amies proches, deux sœurs esthéticiennes avec lesquelles elle refait le monde autour d'un thé....Les deux sœurs jouent au loto et rêve de l'hypothétique argent et de ce qu'elles en feraient. Elles convainquent Jocelyne de miser à son tour au moins une fois....
Tout au long du livre, Jocelyne nous parle de ses enfants. Elle nous décrit sa vie, passée et présente, son parcours. Elle est une femme très réaliste, lucide sur les choses de la vie, elle ne se laisse pas berner par la naïveté, mais elle se dit heureuse et les lectrices de son blog l'apprécient grâce à sa gentillesse et sa douceur.
Quand elle apprend que c'est elle la gagnante elle ne dira rien à personne et au lieu de penser à tout ce qu'elle pourra faire avec plus de 18 millions d'euros elle fait le chemin inverse et pense à tout ce qu'elle risque de perdre.... « Je savais, jusque dans ma chair, que s'il pouvait faire le bien, cet argent pouvait aussi faire le mal »
Le style de Grégoire Delacourt a un côté très poétique. L'écriture est toute en grâce et délicatesse. Je me suis laissée bercer par les mots et les descriptions qu'il fait notamment lorsqu'il parle de la fille de Jocelyne Nadine, qui ne parlait pas beaucoup depuis sa plus tendre enfance. « Elle gardait les mots en elle, comme s'ils étaient rares. Nous conjuguions le silence elle et moi : regards, gestes, soupirs en lieu et place de sujets, verbes, compléments ».

Il analyse les choses à la perfection, d'un point de vie de femme et de mère alors qu'il est un homme. Il a su se mettre à la place de son héroïne et parler de la vie avec simplicité, émotion, sentiment et force. Bravo !

« Il n'y a que dans les livres que l'ont peut changer de vie. Que l'on peut tout effacer d'un mot. Faire disparaître le poids des choses. Gommer les vilenies et au bout d'une phrase, se retrouver soudain au bout du monde »
Quand Jocelyne écrit ses listes d'abord celles de ses besoins, celles de ses envies puis celles de ses folies, on sent une femme qui est loin d'être exigeante et qui connait les efforts à faire dans une vie ou rien n'est facile !
Mais peut-on réellement changer sa vie, son destin avec de l'argent ?. Nous rend t-il meilleur ou plus mauvais ?
Au lieu de trouver calme et sérénité avec cet argent, sa vie va basculer et prendra un tournant auquel les lecteurs et elles mêmes ne s'attendaient pas. Une tournure inattendue et improbable pour Jocelyne.
Loin de la belle vie imaginée par d'autres avant d'être riche, elle, elle sait que l'argent peut rendre fou et qu'il n'achète pas tout.

Jo dans ce roman remet les choses à sa place : la vie se vit dans le moment présent, non dans le passé et l'avenir reste toujours incertain...même en ayant beaucoup d'argent.
J'ai été transportée par ce roman qui parle de la place de l'argent dans une vie ….Il ne fait pas le bonheur et certains disent qu'il y contribue, encore faut-il être sensé....

L'argent ne fait pas tout et il risque de pourrir bien des choses, comme les sentiments.... « Être riche, c'est voir tout ce qui est laid puisqu'on a l'arrogance de penser qu'on peut changer les choses. Qu'il suffit de payer pour ça ».
Un livre qui remet les idées et les vraies « valeurs » à leur place.

 

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12 septembre 2012 3 12 /09 /septembre /2012 09:45

Ouragan

 

Auteur : Laurent GAUDÉ
Genre : Roman
Éditions : Actes Sud (Babel)
Année : 2010

Nombre de pages : 200

ISBN : 978-2330010560

 

Quatrième de couverture :

 

Le point de départ narratif est classique : un événement cataclysmique (ici, l'ouragan Katrina ; ailleurs, un naufrage, un tsunami, une pandémie, voire la disparition de 99% de l'espèce humaine) pousse un personnage ou un groupe de personnages, coupé(s) du monde, à se confronter à la fois à leur passé (examen de conscience), à leur présent (la survie) et à leur futur (envisager le retour à la normale, abandonner tout espoir ou construire une société nouvelle). Cet Ouragan-ci s'abat sur la Nouvelle-Orléans, et sur une troupe de personnalités idéal-typiques : Josephine Linc. Steelson, « négresse » antédiluvienne qui sait autant qu'elle l'accepte que sa fin est proche – et avec la sienne, celle d'une culture, d'une Ville toute entière ; Keanu, fiancé fuyard, réalisant enfin, six ans trop tard, qu'il ne trouvera pas le bonheur dans le pétrole texan mais auprès de sa Rose ; Rose, donc, mère célibataire dont tout porte à croire que les événements la dépassent ; un révérend charitable, la main tendue vers les moins bien lotis ; enfin, une troupe de prisonniers, abandonnés dans la débâcle, pris au piège de leurs cellules inondées. D'un côté, Katrina, qui avance irrémédiablement vers un but qu'elle seule connaît. De l'autre, la chose n'est plus un secret, des pouvoirs publics aux abonnés absents. Entre les deux, tous ces personnages, pris dans l'oeil du cyclone, balayés comme des fétus de paille, scrutés à la loupe, l'un après l'autre, par le microscope hypersensible de Laurent Gaudé.

 

Mes impressions :

 

Nous sommes en Louisiane....Un ouragan se profile à l'horizon...et finit par emporter tout.
Nous faisons la connaissance de plusieurs personnages.

Il y a Joséphine centenaire et qui se qualifie de négresse ; veuve, son mari est mort dans des circonstances tragiques ; elle parle de ses origines dont elle est fière mais aussi d'esclavage et de racisme.
Puis Keanu qui après avoir quitté Rose pour travailler 6 ans sur une plate forme pétrolière revient vers elle. Il n'en pouvait plus de voir des morts et de faire ce travail si dur où on peut y laisser sa vie chaque jour. Il revient pour retrouver son grand amour qu'il avait quitté dans le but de connaitre le monde, il se sentait à l'étroit quand il était auprès de Rose.
Rose, maman d'un petit garçon Byron de 6 ans effacé qui ne parle pas beaucoup....
Et puis, un révérend  visiteur de prison qui a une drôle de façon d’idolâtrer les personnages bibliques
Il y a aussi des prisonniers qui se sont « évadés » de prison après que l'Ouragan leur a ouvert une porte de sortie...Ils vont évolués et vivre en groupe...
Sous un paysage ravagé par un cataclysme naturel tous ces personnages vont se croiser. Le livre raconte leurs pensées.

Tous ont en commun cette certaine fatigue de vivre.
Ils sont entiers, sincères, meurtris, violents parfois, tous des écorchés vifs...
Rose, Byron, Keanu et Joséphine sont attachants parce que vrais...

Chacun évolue dans une ville inerte et vide, ravagée. Ils se donnent tous une raison réelle ou imaginaire pour continuer.
Pour les uns l'ouragan va les délivrer et les ramènera à la vie pour les autres il va les ensevelir.
Ce livre est un mélange d’espoir, de désespoirs, d'attente, d'amour, d'humanité mais aussi de violence, de trahison, de douleurs mais pour tous les personnages un même thème : fuir [au sens propre et au sens figuré] pour trouver la liberté.
L'auteur dans un style précis et touchant, parle de la ségrégation, du racisme, de la liberté et surtout de l'être humain face à un événement cataclysmique...J'ai parfois eu le sentiment de revivre en image le livre de Mc CARTHY la Route , sans doute dû au paysage apocalyptique.
Les personnages se rencontrent dans un désastre de désolation...avec un sentiment de liberté pour les uns ou d'enfermement pour les autres.
J'en ressors avec quelques émotions. C'est un livre catastrophe dense, fort et qui nous ramène à notre pauvre condition d'humains. Face à la nature qui se déchaine nous ne sommes que grain de poussière....

Nous sommes impuissants mais les catastrophes peuvent faire remonter notre moi intérieur.

L'auteur fait un genre de métaphore où les personnages nous font revivre le drame de Katrina en 2005 avec toute son ampleur. Au delà du paysage de désolation il décrit les personnages dans leur sentiment, leur peur, leur vie, leur combat personnel.
Avec l'humanité comme bagage ce livre est un catalyseur de notre propre histoire face au chaos naturel.
Laurent Gaudé nous montre l'homme tel qu'il peut être lorsqu'il n'y a plus de repère social et que la morale est absente....Les consciences sont menées à rude épreuve et chacun réagira selon son propre vécu et ses valeurs. Ils se révèleront à eux mêmes.
Un livre qui nous bouleverse.

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