Auteur : Jules ROMAINS
Genre : Théâtre
Éditions : Folio
Date : 1972
Nombre de pages : 151
ISBN : 2-07-036060-1
Quatrième de couverture :
LE TAMBOUR : Quand j'ai dîné, il y a des fois que je sens une espèce de démangeaison ici. Ça me chatouille, ou plutôt ça me gratouille.
KNOCK : Attention. Ne confondons pas. Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous. gratouille
LE TAMBOUR : Ça me gratouille. Mais ça me chatouille bien un peu aussi...
KNOCK : Est-ce que ça ne vous gratouille pas davantage quand vous avec mangé de la tête de veau à la vinaigrette ?
LE TAMBOUR : Je n'en mange jamais. Mais il me semble que si j'en mangeais, effectivement, çà me gratouillerait plus.
Mes impressions :
C'est l'histoire d'une « médecin » trompeur, qui est trompé au détriment d'une population du canton de Saint-Maurice.
Le docteur Parpalaid cède sa clientèle à un homme qui se prétend médecin mais que l'on peut qualifier d'homme d'affaire et surtout possédant une tête bien pensante pour amasser de l'argent.
Il saura être bonimenteur en commençant par créer une consultation gratuite et il diagnostiquera des maladies imaginaires pour s'attirer de la clientèle. Une fois celle-ci dans son giron nous
supposons qu'il fera payer les prochaines visites et les traitements et il se servira, du pharmacien et de la patronne d'un hôtel qu'il convaincra de faire de ce lieu, un simulacre d'
« hôpital »
Trois mois après le Docteur Parpalaid, qui est allé exercer à Lyon revient pour se rendre compte de l'évolution de ce qui était son affaire et qui du temps de sa présence, était loin d'être
prospère.
Il se rend compte que Saint-Maurice est imprégné de médecine grâce à Knock qui use de diplomatie, d'habilité et de persuasion !
La maladie sera son gagne-pain; et d'un air hautain et presque orgueilleux, il considère le docteur Parpalaid, un peu comme un idiot qui n'a pas su tirer partie des gens de Saint-Maurice, en les
amenant à consulter.
Lui s'est entouré de collaborateurs pour l'efficacité et quand il aura réussi à établir la confiance, l'argent ne l'intéressera plus. Ce qui l'intéresse désormais est le pouvoir qu'il exerce sur
les autres et il fait de son travail une occupation qui lui permet de ne pas s'ennuyer.
La personnalité de Knock fera qu'il saura tirer des bénéfices de la situation.
J'ai aimé cette pièce qui montre le côté psychologique des personnages et surtout de Knock.
Il fait sa place dans ce petit canton et tout le monde le respecte et le nomme, à sa demande « Monsieur le Docteur ».
J'ai aimé la façon dont Jules Romain traite le sujet, c'est à dire avec humour et farce. Knock utilise le jargon médical et la naïveté des « malades »; il use de stratagèmes comme par
exemple des croquis qu'il dessine pour que la confiance s'instaure. A un moment donné, il pousse même la farce en prescrivant une ordonnance et un traitement qui affaiblira la patiente afin de
pouvoir la soigner de sa fatigue...
Il sait interroger ses victimes pour connaître leurs petits défauts et leurs vices afin de s'en servir contre eux. D'ailleurs il cite Claude Bernard « les gens bien portants sont des malades
qui s'ignorent ».
Ainsi Jules Romain nous dépeint ici une population asservie à un médecin qui a appris la médecine en lisant les notices des médicaments mais aussi qui se convainc, tout seul, de sa mission
sociale.
Finalement Jules Romains nous livre là une œuvre inquiétante, dans laquelle un homme manipule d'autres personnes, en s'aidant de sa psychologie avisée et dangereuse.
Je me doute que la fameuse scène qui montre le tambour entrain d'être diagnostiqué par Knock doit être hilarante, de part les termes employés et le comique de situation.
J'avais étudié cette pièce durant mes études et j'avoue l'avoir retrouvée avec plaisir !