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14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 18:40

Le dernier jour d'un codamné

Auteur :
Victor HUGO

Genre : Littérature classique
Éditions : GF Flammarion / Étonnants classiques
Nombre de pages : 160
ISBN : 978-2080-720740

 

Quatrième de couverture :

 

Dans un cachot, un homme s'apprête à mourir.
Pour tromper son intolérable attente, le condamné écrit  son vain espoir de la grâce, son dernier voyage en fourgon, sa peur d'affronter la, foule...mais aussi ses souvenirs de promenades autour de Paris, le sourire de sa petite fille Marie.
Bientôt, le condamné sans nom et sans visage se révèle un être de chair et de sang, si proche en somme, de chacun de nous...
L'édition inclut les deux préfaces du Dernier Jour d'un condamné : " Une comédie à propos d'une tragédie " réponse de Victor Hugo à ses détracteurs, et la Préface de 1832, réquisitoire contre la peine capitale.

 

Mes impressions :

 

L'édition de ce livre est très intéressante car complète; elle comprend une présentation du roman, des notes bien utiles, un dossier-lecture et un dossier-jeu élaboré par Catherine Cazaban

Ce livre est publié alors que Victor Hugo n'a que 27 ans, et déjà des romans a son actif; il a commencé à écrire à l'âge de 12 ans. Il est considéré comme un génie précoce.

Ce livre est avant tout un témoignage et un combat, celui de Hugo en faveur de l'abolition de la peine de mort.
A cette époque 19ème siècle, l'échafaud est placé sur la place publique et la peine capitale est perçue comment un spectacle programmée à la vue de tous les passants et de tous les parisiens.
Il dénonce la foule qui se délecte de cette sentence où l'on n'y voit que sang et humiliation.

Hugo veut faire passer le message que « aucun autre homme en effet ne prendra davantage que lui le parti de la vie »; la peine capitale est un acte barbare que Victor Hugo réprouve.

Son discours témoigne de tout ce qui avilit l'homme, et qui nie l'individu.
Il dénonce ainsi les conditions de vie des prisonniers, l'insalubrité des lieux, par la même son combat pour l'humanité est la mission qu'il se donne : guider les peuples vers la lumière.

Hugo, ne donne aucune indication sur le condamné, on ne sait pas d'où il vient, qu'est ce qu'il a fait; on ne connait pas son nom...

La teneur de ce récit réside dans le sens que Victor HUGO donne à son personnage, sa réalité : dans quelques jours il va mourir.
Ce qui importe l'auteur c'est de retranscrire les dernières pensées d'un condamné qui connait la date de sa mort.

Le début du roman est la retranscription de la sentence, Hugo avec des mots forts nous fait passer l'émotion de cet homme, sa solitude, face au choix des jurés.
Malgré cela il ne voit que le soleil, ce soleil qui sera souvent décrit et omniprésent dans le roman comme pour faire contraster avec le côté obscur et froid de la mort.
Le condamné ne manquera pas, malgré sa situation d'observer le monde par exemple quand il est dans la cours, ou quand il est transféré à la conciergerie, dernier moment avant l'exécution.
Les premiers jours après le verdict sont pour lui doucereux, malgré sa camisole; On lui donne de quoi écrire alors il entreprend d'écrire son quotidien, de nous révéler son vécu dans ce milieu hostile. Les descriptions des lieux sont minutieuses...Il consigne tout dans ces quelques pages dans l'espoir qu'elles ne seront pas inutiles et donc lues par des tiers et que germera une réflexion dans les esprits à propos des ressentis du condamné à l'aube de sa mort et du peuple qui attend l'exécution. Ainsi son but est double, d'une part faire comprendre la teneur des angoisses, parler de la peine capitale comme étant cruelle et d'autre part, permettre de pratiquer une « autopsie intellectuelle pour celui qui exécute »


L'homme décrit la position de condamné et de ce qu'elle implique mentalement.
Il exprime sa souffrance de chaque seconde pendant 6 semaines, la tristesse d'être séparé des siens et surtout de sa jeune fille Marie; mais il proclame aussi les conséquences d'un tel acte sur sa femme, ses enfants, et son entourage.
Un homme a une conscience, une âme, une intelligence, qui ne soient pas disposées à la mort.

Ainsi tout au long il décrit ce qu'il voit, comme les écritures sur les murs des condamnés à mort qui l'ont précédé; il décrit les moments pendant lesquels il se sent devenir fou. Il parle de sa rage, de sa violence des émotions, de ses peurs, ses d'angoisse. Les odeurs le font suffoquer; il est abattu.

Il dépeint le spectacle effrayant des forçats que l'on va ferrer.
Il compare la prison à une forme humaine , mi homme, mi muraille; il fait des métaphores avec une subtilité évidente.


Il a tant de douleur en lui qu'il se met à penser à l'évasion ...seulement le jour de l'exécution arrive.


Dur passage que celui de sa conduite sur son dernier lieu de vie, la conciergerie; il traverse Paris et note mentalement tout ce qu'il y voit; il apprend que sa demande de pourvoi a été rejetée.
Il nous parle du prête; de leur conversation. Les autres ne se rendent pas compte ce que peut éprouver un homme quand il sait qu'il est entrain de vivre ses derniers moments.

La dernière heure approche, la peur monte en lui; il se demande comment on meurt sur l'échafaud sous le joug d'une guillotine; il se pose tout un tas de questions; il ressent le besoin de parler avec le pasteur mais il en arrive à banaliser l'homme et sa fonction.

 

Il revit ainsi son passé, il repense aux meilleurs moments de sa vie, sa jeunesse, le présent et le passé se mélange, s'interpose.
L'heure approche, il a froid comme la mort et se demande qu'est ce que la mort, que se passe t-il une fois qu'elle advient; est-ce que l'âme meurt en même temps que le corps, est-ce que les hommes reviennent sous une autre forme ?

 

Une surprise en fin de vie va le faire frémir : l'aumônier lui amène sa fille Marie; mais depuis un an qu'elle ne le voit pas, elle l'appellera Monsieur et ne le reconnaîtra pas et il en souffre horriblement...

 

La fin est là... il entend les acclamations de la foule qui attend l'exécution avec ferveur.
Il voit les regards appuyés sur lui et...il vacille...jusqu'à la dernière minute il aura attendu la grâce du Roi qui ne viendra pas...

 

Ce texte date de 1829, je l'ai trouvé à la fois beau, fort et triste....les mots sont choisis. Ils émeuvent et font violence à la fois.
Hugo a choisi de ne rien dévoiler de l'acte de cet homme qui lui vaut la peine capitale pour que le plaidoyer reste «  la cause d'un condamné quelconque, exécuté un jour quelconque, pour un crime quelconque »...

Le combat de Victor Hugo reste un symbole qui interpelle et qui ne laisse pas insensible.

 

D'autres romans de cet auteur sont présentés ICI.

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