Bonjour et bienvenue chez moi :-). Vous trouverez ici mes modestes critiques littéraires composées au fil de mes lectures. Le monde de la littérature est si vaste que le partager me semblait très intéressant. Bonne lecture à tous...
Auteur : Gilles LEROY
Genre : Roman
Éditions : Folio
Date : 2011
Nombre de pages : 152
ISBN : 978-2070440740
Quatrième de couverture :
Août 2005, delta du Mississipi : l'ouragan Katrina s'abat sur la Nouvelle-Orléans. Les digues cèdent au lac Ponchartrain et les quartiers modestes sont engloutis. La catastrophe touche de plein fouet la communauté noire. Tandis que ses voisins attendent les secours qui mettront des jours à arriver, l'institutrice Zola jackson s'organise chez elle pour sa survie. L'eau continue de monter, inexorablement. Depuis le ciel, les hélicoptères des télévisions filment la mort en direct. Réfugiée dans le grenier avec sa chienne Lady, Zola n'a peut-être pas dit son dernier mot.
Mes
impressions :
Gilles Leroy dépeint ici le portrait d'une femme qui décide de rester dans sa maison d'un quartier de la Nouvelle-Orléans malgré l'ouragan qui passe et détruit tout sur son passage. Les pauvres
et les plus faibles sont directement les plus touchés.
Les souvenirs alors de Zola nous sont contés. Elle nous les livre et s'adresse au lecteurs d'une façon poétique et nostalgique.
Le récit est décousu comme les vents violents qui s'abattent sur la région.
Les souvenirs de Zola sont à la fois réels et rêvés, ils baignent dans les vapeurs d'alcool, boisson préférée de Zola qui oublie ainsi son sort et sa dure existence.
Zola cette femme libre, au caractère ferme et volontaire, nous embarque dans sa vision des choses et nous la fait partager.
Je cite « Oui je continue d'acheter pour deux, je ne sais pas si je le veux vraiment ou si c'est
qu'il n'y a rien à l'unité dans les rayons. Avec le temps qui passe et le malheur qui vainc, on comprend que peu de nos actions sont délibérées et encore moins choisies dans nos vies. On apprend
à vivre avec ça aussi, dans cette humiliation d'être joué... » ou encore « Que sait-on de son enfant ? Mon fils, c'était ma raison, c'était ma maison, c'était mon château.
Je n'ai pas ressenti ces choses qu'on dit, la chair de ma chair, les liens du sang : je pouvais nettoyer ses blessures et recoudre ses plaies sans que ma main tremble. Sans peur, sans
dégoût, pensant juste à lui faire le moins de mal possible » ou bien « Aimer, ça compte disait Caryl. Aimer vraiment, c'est pas donné à tout le
monde ».
Doucement, elle se raconte ; parle de ses choix, elle évoque Aaron son mari
qui n'était pas le père de Caryl son fils métis.
Elle fait un retour sur ses souvenirs, comme si elle revoyait le film de sa vie avant de mourir.
Seulement la fin du livre, ironie du sort, la ramènera vers celui qu'elle « détestait ». Un jolie pied de nez qu'elle fait à ses principes.
Avec philosophie et poésie, l'auteur, la narratrice nous raconte les grandes
périodes de la vie de cette femme exemplaire, aimante, maternelle, attachante ; avant, pendant et après l'ouragan. Les phrases sont musicales et lourdes de sens.
Elles sont vraies, pures, sincères, et nous interrogent parfois sur la légitimité de la vie. Elle fait allusion au choc des cultures, aux conséquences des différences physiques, du racisme, de la
xénophobie, de la méchanceté mais encore des humiliations, du deuil, de la maladie ; elle évoque la politique, de même que les raisons sanitaire et sociale et plus positivement les
évènements que l'on ne choisit pas toujours, et encore sa vie menée avec courage, détermination et justice. Zola utilise des mots choisis avec justesse.
Cette femme veuve, qui boit trop, qui n'a plus son fils près d'elle sombre mais nous donne une belle leçon de vie et de persévérance.
J'ai passé un moment savoureux avec ce livre, certains passages sont forts émouvants et j'avais le cœur serré en les lisant. Le destin de cette femme pourrait être commun mais l'auteur nous le
rend singulier. Vraiment j'ai envie de dire que ce livre est réellement remplit de sensibilité et de finesse. Les sentiments et les émotions sont décrits d'une bien jolie façon authentique.
À lire absolument.
À noter que l'auteur a écrit le célèbre « Alabama song ».