Bonjour et bienvenue chez moi :-). Vous trouverez ici mes modestes critiques littéraires composées au fil de mes lectures. Le monde de la littérature est si vaste que le partager me semblait très intéressant. Bonne lecture à tous...
Auteur : Sophie DIVRY
Genre : Roman
Éditions : Les allusifs
Date : 2010
Nombre de pages : 65
ISBN : 978-2923682136
Quatrième de couverture :
Elle rêve d'être professeur, mais échoue au certificat et se fait bibliothécaire.
Esseulée, soumise aux lois de la classification de Dewey et à l'ordre le plus strict, elle cache ses angoisses dans un métier discret. Les années passent, elle renonce aux hommes, mais un jour un
beau chercheur apparaît et la voilà qui remet ses bijoux. Bienvenue dans les névroses d'une femme invisible. Bienvenue à la bibliothèque municipale, temple du savoir où se croisent étudiants,
chômeurs, retraités, flâneurs, chacun dans son univers. Mais un jour ce bel ordre finit par se fissurer.
Mes impressions :
Ce petit livre est plein de promesse et riche d'humour.
En peu de pages Sophie Divry nous fait passer un excellent moment au milieu des livres, dans son endroit de prédilection qu'elle connait depuis 25 ans : une bibliothèque et plus précisément au
sous-sol ! Lieu dans lequel elle a été reléguée par sa chef mais elle ne désespère pas de monter à l'étage et prendre en possession la section histoire qu'elle affectionne plus
particulièrement.
L'auteur s'adresse à un lecteur imaginaire et parle donc de la vie à la bibliothèque mais pas seulement, au delà de cette dernière, elle évoque la vie dans toute sa splendeur et ses désillusions. Sans oublier de poser aussi un regard réaliste sur la jeune génération et la lecture.
Tout au long du livre elle nous cites les avancées dans le domaine livresque.
Elle dénonce les classements de Dewey, d'où le titre, et évoque Morel pionnier dans le domaine littéraire et compare également les auteurs classiques et contemporains
Sophie Divry est une passionnée, proche de la dépression.
« La seule chose qui me console, c'est d'être entourée de gens aussi déprimés que moi », avoue t-elle !
Elle envisage les habitués qui fréquentent son lieu de travail comme représentatifs de l'ensemble de la population, un microcosme en quelque sorte.
Elle révèle le peu de valorisation qu'apporte son métier mais elle l'aime.
Ainsi elle nous fait entrer aisément grâce à sa dextérité langagière et son jargon professionnel dans son monde, où l'ordre, le classement, la rationalisation, l'histoire, la philosophie, n'ont
plus ou presque plus de secret.
Mais elle parle aussi de la solitude, la sienne et parfois celle de ceux qui viennent trouver à la bibliothèque de quoi remplir leur vide existentiel.
Elle se sent coincée dans cet univers jusqu'à ce qu'un jeune chercheur prénommé Martin fait irruption dans la bibliothèque et dont elle tombe amoureuse.
Elle même se décrit comme « aimant les aubergines, l'huile d'olive, et les confitures de ma mère, j'ai horreur des automobiles, je n'ai pas de téléphone
portable, je suis féministe et j'ai la phobie des portes ouvertes. Je suis allergique aux acariens, aux chats et aux sulfites. J'aime me baigner dans la mer, les lacs, les rivières. Je trouve
qu'on ne parle pas assez de Jacques Roubaud et de Claude Simon, et qu'il y a trop de bruit médiatique en ce monde. Je n'aime pas acheter un livre sans savoir ce qu'il y a
dedans. »
On comprend alors pourquoi dans son vocabulaire, les DVD deviennent des dévédés, l'Ipod, l'Hipaude.
Dommage que ce roman soit si court car j'aurais aimé suivre encore les élucubrations de cette bibliothécaire névrosée …Sophie Divry laisse aller sa plume presque sans retenue pour notre plus
grand plaisir. Elle se confesse, rend hommage ou dénonce. Un premier roman réussit.