Bonjour et bienvenue chez moi :-). Vous trouverez ici mes modestes critiques littéraires composées au fil de mes lectures. Le monde de la littérature est si vaste que le partager me semblait très intéressant. Bonne lecture à tous...
Auteur : Yanick LAHENS
Genre : Récit
Éditions : Sabine Wespieser
Date : 2010
Nombre de pages : 160
ISBN : 978-2848050904
Quatrième de couverture :
" Le 12 janvier 2010 à 16 heures 53 minutes, dans un crépuscule qui cherchait déjà ses couleurs de fin et de commencement, Port-au-Prince a été chevauchée en moins de quarante secondes par un de ces dieux dont on dit qu’ils se repaissent de chair et de sang. Chevauchée sauvagement avant de s’écrouler cheveux hirsutes, yeux révulsés, jambes disloquées, sexe béant, exhibant ses entrailles de ferraille et de poussière, ses viscères et son sang. Livrée, déshabillée, nue, Port-au-Prince n’était pourtant point obscène. Ce qui le fut, c’est sa mise à nu forcée. Ce qui fut obscène et le demeure, c’est le scandale de sa pauvreté. » Y. L.
Si tôt sortis de l’hébétude, les survivants de la catastrophe ont pensé « refondation » : Yanick Lahens, avec eux, a repris le travail, l’inlassable travail des mots. Ce court récit, mû par la double nécessité de dire l’horreur et de la surmonter, en témoigne. Déambulant dans les rues de sa ville détruite, l’écrivain part de sa propre expérience : avant le séisme, elle projetait d’écrire un roman d’amour. Revisitant le décor ravagé de sa fiction, elle est saisie par l’histoire immédiate. Comment écrire s’interroge-t-elle, sans exotiser le malheur, sans en faire une occasion de racolage ?
Texte de témoignage, texte animé par l’urgence, texte de compassion et de
réflexion aussi, Faillesdésigne l’innommable qu’a été le 12 janvier 2010 en Haïti. Mais il tente aussi de prévenir de l’irresponsabilité qui consisterait pour les Haïtiens à ne pas changer leurs
perceptions et leurs comportements.
Pour Yanick Lahens en effet, la faille géologique qui a englouti Port-au-Prince interdit de faire comme si les autres failles – sociale, politique, économique – n’existaient pas. Il n’y a pas de
fatalité dans le malheur du peuple haïtien, ni même dans les carences des élites et la mainmise des organisations internationales : telle est la conviction de l’écrivain qui, malgré le
tableau sans complaisance qu’elle brosse de la réalité de son pays, insuffle à ses pages une formidable force de vie."
Mes impressions :
L'auteure, par ce récit montre toute l'ampleur de la catastrophe et le travail de mémoire qui doit se faire.
Mais l'auteur en plus de raconter avec lucidité les failles de ce pays nous pousse aux questionnements. Qu'ils soient politiques, économiques, humains ses manquements sont décriés au niveau
national et international et chaque pays y va de son commentaire quant à la nature de l'aide que l'on pourrait apporter à ce pays meurtris.
La quatrième de couverture résume parfaitement le contenu du livre.
J'aurais presque envie de ne rien rajouter ; seulement je me dois de dire mes pensées après cette lecture qui m'a bouleversée. L'auteure est pleinement consciente de ce qu'il se passe dans
la pays où elle vit. Ma fille vient de celui-ci et lorsque je lisais le contenu de ce récit je me remémorais ses rues, sa misère mais aussi les gens riches de leur hospitalité.
Haïti dans un premier temps délie les langues ; ce séisme révèle une nouvelle fois le scandale de sa pauvreté. Seulement, je cite « parce qu'on se fait au temps qui passe , inexorable,
mais pas à sa chute brutale ». La pauvreté de ce pays n'est plus à démontrer mais ce genre d'épreuves le fragilise encore plus et ce d'une manière soudaine. L'imminence de ce séisme avait
pourtant été annoncé par l'ingénieur Claude Prépetit ; mais il a prêché dans un désert total. Cette information ne sera pas prise au sérieux.
Il est parfois difficile de s'imaginer que cette latitude est la cible de tels évènements.
L'auteure fait une travail de mémoire en se servant de faits historiques. Elle parle de l'indépendance de ce pays, de ses luttes, de ses dictateurs qui le gouvernent.
Haïti est pourtant un pays qui serait plein de ressources.
Il y a un déni de la part de tous parce que les gens se concentrent plus sur la pauvreté, sur les déficits politiques économiques et sociaux que sur ce genre de catastrophes naturelles.
Haïti est perçue comme la première république noire a avoir osé réaliser la conquête de sa liberté et avoir voulu mettre fin à l'esclavagisme et au colonialisme.
Les Haïtiens ne croient plus ni au gouvernements, ni aux promesses d'hommes politique ni à celles des pouvoirs économiques ni à celles des intellectuels.
Ici les morts, les disparus sont nombreux , les secours et l'aide s'organisent sur fond de corruption …L'aide promise sera t-elle utiliser à bon escient ? La pauvreté est telle que les
scènes de pillage se multiplient .
Mais la reconstruction se fera parce que l'entraide quand elle n'est pas détournée y est quand même très présente.
L'auteur essaie de raconter tout cela mais « comment faire de la littérature après ce malheur » ?
Ce récit est un témoignage poignant qui rappelle ce tremblement de terre mais pas seulement : c'est aussi le constat juste et sincère des situations politiques économiques et humaines que traversent ce pays depuis des siècles. L'auteur observe, raconte, nous livre ses pensées et parle de solidarité entre les Haïtiens.
Morceaux choisis : Écrire : « j'aime la force que cet acte requiert. Parce qu'écrire, ce n'est pas seulement tracer des mots, " il faut être plus fort que soi pour aborder l'écriture, il faut être plus fort que ce qu'on écrit". J'essaie en ces jours difficiles d'accumuler un peu de cette force pour transcender l'évènement et arriver de nouveau vers mes lecteurs avec des mots qui sauront les toucher comme des mains ».
À lire pour comprendre et envisager les possibilités même si certains pensent qu'aider ne suffit pas et qu'il serait préférable de mobiliser les Haïtiens pour qu'il s'aident eux mêmes.
L'auteure dit "Aider ne fait pas sortir de la pauvreté".
Chacun peut avoir une opinion ; je reste convaincu que ce pays peut se relever malgré la précarité. J'y ai vécu 12 jours et j'ai vu aussi de jolis moments même si j'y suis allée en période
de Guerre civile. Les gens sont « riches » d'eux même, même si les milices et les clans se déchirent , tous ne sont pas mus par les violences mais par la
solidarité.
Pour savoir ce qu'en a pensé Yv, c'est ICI.