Auteur : Brigitte GIRAUD
Genre : Roman
Éditions : Stock
Année : 2011
Nombre de pages : 265
ISBN : 978-2234065055
Quatrième de couverture :
«Medhi est tombé malade quand nous avons emménagé dans la nouvelle maison. C'est moi qui avais
relevé la boîte aux lettres ce jour-là, c'était un sentiment matin. J'avais entre les mains l'enveloppe blanche petit format qui contenait des résultats d'analyses que nous ne saurions
interpréter et qui allaient changer notre vie»
Mes impressions :
Le thème est la maladie d'un enfant au sein d'une famille composée du père de la mère et de la
fille Lisa lycéenne et de Medhi 12 ans. Ce roman décrit les conséquences que la maladie va avoir sur le père en particulier qui est le narrateur et sur le reste de la famille mais ici décrit
moins en profondeur. Le père va exprimer ses ressentis, ses peurs, ses espoirs.
La maladie fait son entrée dans cette famille et en sera la partie intégrante alors que le père
vient de faire construire une maison qui attend d'être finie.
Le père reçoit le courrier, celui qui va changer leur vie.
Pour venir en aide à son fils Medhi atteint de leucémie il va prendre un congé maladie...mais il ne
pourra pas éternel et le père devra reprendre le travail poussé par la sécurité sociale qui comprend que c'est son fils qui est malade et non lui. Jusqu'à ce que ses collègues de travail à
l'imprimerie dans laquelle il est apprécié vont lui faire cadeau pleinement légal : leurs jours de RTT ! Une solidarité spontanée sans failles et touchante.[ D'ailleurs celle-ci a été
médiatisée récemment aux actualités , peut-être en avez-vous entendu parler].
Ainsi sa femme va continuer de travailler et lui sera homme au foyer. C'est lui qui va mener une
vie domestique puisque sa femme ne peut pas s'absenter de son poste de travail.
Cette famille va se couper peu à peu du monde qui l'entoure pour se consacrer au garçon de la
famille.
Ils vont devoir lutter mais cela va passer par la perte de leurs repères sociaux, leurs relations
amicales et leurs rôles seront inversés. Les codes sociaux sont ébranlés. La famille se déséquilibre alors....
Le principal de ce roman est la perception du père face à la maladie ainsi que de sa description
qu'il en fait au quotidien. Mais avec pudeur, il ne s'étendra pas sur la maladie mais bien sur les changements qu'elle va apporter. Il décrit de façon imagée métaphorique la maladie de Mehdi sans
la nommer ouvertement. j'ai aimé cette discrétion.
Bientôt la famille sera rythmée par les allers-retours de Medhi à l'hôpital pour ses cures de
chimiothérapie. Véra l'infirmière est émouvante et s'attache aux enfants qu'elle soutient.
La maladie permet au père de relativiser ses petits ennuis quotidiens qui finalement ne sont que
des imperfections qui font l'existence mais pas l'existence en elle-même.
Cependant, il se heurte aux mots pour décrire la situation de Medhi et de sa maladie. Difficile de
trouver ceux qui décrivent exactement ce qu'il ressent et l'impact sur la famille.
L'écriture est fluide. L'auteur pèse chaque mot, pour que le lecteur s'imprègne de l'ambiance que
crée la maladie ; il y a un décalage entre le futile qu'il décrit en y mettant toute sa force et la gravité de la maladie. Pourtant il parvient à ne se consacrer qu'à
l'essentiel.
Il s'attache à des petits moments précieux et veut construire des souvenirs pour son fils puisque
l'avenir reste incertain et que se pose la question de la mort....Seulement le père a du mal à faire face, il doit donner le change à l'entourage familial et professionnel mais c'est difficile.
Il est fragilisé.
La nuance des émotions est perceptible jusqu'à être égoïste...puisqu'il ne parle jamais de comment
son fils vit sa maladie il ne dit que ce qu'il perçoit, ce qu'il croit ressentir à travers ses gestes et ceux du reste de sa famille. Il a su maîtriser les descriptions pour ne pas trahir son
fils dont la maladie lui appartient.
Un livre fort, dans lequel la solidarité, l'équilibre familial et la sphère sociale et le courage
sont exprimés avec force, sans mièvrerie. A la fin du livre on se dit "et nous comment réagirions si un tel drame venait a arriver chez nous "
?
L'auteur a su se mettre et se glisser dans la peau du père de famille alors qu'elle est une
femme, les conséquences de la maladie qu'elle engendre. Il décrit le sentiment vis-à-vis d'elle, de son fils et de ses difficultés à faire face.
Dès les premières pages, le père, l'homme le mari parle de sa détresse.
Un livre qui remet les valeurs à leur place, avoir la santé est la plus belle richesse, avoir du
temps aussi, l'argent importe peu dans ces cas-là alors quoi de mieux auraient pu leur offrir ses collègues que du temps à passer auprès de son enfant ?
Il montre bien la différence entre essentiel et superflu en parlant de la générosité, de temps, des
craintes, du don. Mais également comment le couple peut se déstabiliser.
C'est dans la maladie qu'il apprend à connaitre vraiment son fils.
Ses journées sont peuplées par l'antre de la maladie et par les traitements, les repas, son fils
lui échappe pourtant ...l'ambiance est de plus en plus lourde. la maladie prend toute la place dans sa tête.
Le dénouement laisse planer l'inévitable, le douloureux, l'insupportable.