Auteur : Thyde MONNIER
Genre : Roman
Éditions : France Loisirs
Année : 1998
Nombre de pages : 221
ASIN: B004QZTHTU
Résumé et 4ème de couverture :
La vie de tout le monde, de tous les jours, dans un petit bourg provençal, a été celle de Madame Roman. Ou du moins elle en a eu les apparences. Qui peut connaître les cœurs ? Le silence en est maître. Il faut traverser bien des écorces pour les sonder et souvent alors, on est surpris de ce qu'on y découvre.
Tout paraît simple dans l'existence de madame Roman au cœur de son petit bourg
Provençal. À quatre-vingt-cinq ans, cette paysanne, qui veille souvent au seuil de sa maison, aurait sans doute beaucoup à dire. Et c'est ainsi qu'elle va laisser se dérouler, pour nous, le film
de sa vie...
Ces pages sont l'histoire d'une simple vie de vieille paysanne qui va mourir et qui, seule, assise auprès de la porte de son étroite maison campagnarde, laisse tourner en son souvenir, le film de
son existence.
Mes
impressions :
Ce roman est un vrai coup de cœur. À chaque pose dans ma lecture, j'avais pourtant l'impression d'être tout près de Clarisse, Madame Roman, et j'attendais avec impatience de la retrouver.
Ce roman est authentique, comme la vie de ce petit village de Provence et comme celle de Clarisse. Tout le monde se connait et les commérages et les on-dits ont une place considérable.
Chacun des habitants essaie alors de conserver une image positive de sa famille pour ne pas être critiqué et pourtant....
Mais les insinuations n'auront aucune incidence sur le quotidien de Clarisse parce qu'elle a su garder au plus profond d'elle ce qui aurait pu enticher l'image de sa famille. Par contre sur elle,
comme sur son mari il a eu un effet dévastateur.
La vie de Clarisse est comme un roman seulement elle ne sera pas épargnée.
À l'époque pendant laquelle la narratrice se raconte elle a 85 ans : elle parle de son passé, ce qui a fait son existence, ses joies, ses peines et surtout le secret qui la ronge après avoir rongé son mari, décédé depuis peu.
Pour comprendre et aimer ce livre il faut se mettre dans la peau de Clarisse pour
s'en imprégner et saisir toute la douleur qui s'en dégage.
Au cœur de son village Provençal elle décrit son village et ses habitants, ses amitiés aussi.
Il est authentique également parce qu'elle écrit comme elle parle, Provençal,
avec des expressions précises. Les intonations, les descriptions nous plongent entièrement dans cette région chaleureuse.
Malgré sa dure vie, elle conserve un sens de l'humour et son franc parlé. Elle est empli, du reste de beaucoup de tendresse, d'affection pour ceux qu'elle aime.
Si au début du roman nous sommes plongé dans la tendresse qu'il dégage, s'ensuit une inquiétude et un suspense prenant en raison de ce terrible secret qui prend de plus en plus de
place.
L'existence de Clarisse est un sacerdoce : née de père inconnu, elle vit
avec sa mère dans ce village, puis elle rencontre Cyprien facteur pour lequel elle voue un amour fulgurant. Elle donnera naissance à trois enfants mais chacun d'eux, l'un après l'autre décède.
Elle leur survit.
Nous lisons subjugués ce destin de femme brisée mais qui malgré tout gardera un aplomb indéniable face aux épreuves de la vie.
Je crois que ce qui la fait tenir c'est le fait qu'elle occulte ce qu'elle ressent , ce qui lui permet de trouver dans l'existence une certaine légèreté qui l'aidera à supporter tous ses
malheurs.
Nous ne pouvons pas lui en vouloir de taire ce secret à son entourage qui a pourtant eu des conséquences dramatiques sur plusieurs personnes et notamment ses amis, parce qu'elle se protège par la même...difficile de se mettre à sa place et de juger.
Ce livre n'est à aucun moment larmoyant ; il nous donne en revanche du courage comme Clarisse qui face à l'adversité saura préserver son charisme.
Ce roman est remarquable, le récit est tellement bien mené que nous vivons au
rythme des habitants et de la vie en Provence. Il se lit facilement sauf que beaucoup de coquilles se sont glissées dans le récit ce qui a gâché un peu de mon plaisir.
Je vous recommande ce livre qui nous plonge au cœur du Sud de la France en 1950....
Extraits :
Sur le temps qui passe : « Quand on prend de l'âge on perd son prénom, on perd ses dents, on perd ses yeux, on perd le brillant du visage, on perd le sans des lèvres, tout ce qui vous rendait belle à vingt ans. Et les gens alors, qui parlent de vous, y disent : « la vieille », pas plus. Et il faut accepter l'humiliation ou aller au cimetière. Et ce sera bientôt, parce que j'ai quatre-vingt-cinq ans et que c'est un âge. Y faut passer par là et par la porte. La porte qui se rouvre jamais plus ».
« Sinon tu fais ton train de tous les jours, tu passes inconnue : tu nais, tu grandis, tu viens femme ou homme, tu en fabriques d'autres, puis tu tombes et tu laisses ton fumier dans la terre où y ne reste plus que tes os pour rappeler que tu as vécu »
Sur l'amitié et l'amour : « Eh bien quand on aime, trop les gens, c'est pareil, tu leur confies tes paniers de ce que tu as de mieux, ton temps, ton cœur, tout dévouement et y te foutent tout par terre, dans la pierraille et tout ton meilleur est gâté... »