Auteur : David FOENKINOS
Éditions : Gallimard
Genre : Roman
Année : 2011
Nombre de pages : 265
ISBN : 9782070134595
Quatrième de couverture :
« Je voulais dire à mon grand père que je l'aimais, mais je n'y suis pas parvenu. J'ai si souvent été en retard sur les mots que que j'aurais voulu dire. Je ne pourrai jamais faire marche arrière vers cette tendresse. Sauf peut-être avec l'écrit, maintenant. Je peux le lui dire là »
David Foenkinos nous offre ici une méditation sensible sur le rapport au temps et sur la mémoire. Les rapports entre générations, les sentiments enfouis, les déceptions de l’amour, le désir de créer, la tristesse du vieillissement et de la solitude, tout cela est exprimé avec une grande délicatesse, un humour léger et un art maîtrisé des formules singulières et poétiques.
Mes impressions :
A la mort de son grand-père le narrateur, écrivain en devenir, prend conscience de
ce qui était et qui ne sera plus et qu'il a manqué. « Il (son grand père)avait voyagé
d'hôpital en hôpital, de scanner en scanner, dans la valse lente et ridicule des tentatives prolonger notre vie moderne ».Ce qu’il n’a pas su partager avec son grand-père, il décide alors de le vivre avec sa grand-mère. Il se rapproche alors d'elle,
l'entoure et passe du temps en sa compagnie afin de perpétrer des souvenirs.
Mais elle sera « obligée » d'entrer en maison de retraite. Choix en réalité dicté par sa famille et vécu difficilement par l'intéressée qui ne souhaite pas quitter sa maison. Le
narrateur décrit alors la réalité des conséquences de la vieillesse « à son âge, cela devenait trop dangereux de vivre seule. Le fait qu'elle est réchappé de cette première chute était perçu par
tous, comme un signe indiscutable. Pour elle, pour la protéger, ils n'avaient pas le choix. Un de mes oncles avait pourtant une grande maison, mais cela revenait au même. Il était souvent en
déplacement et elle se retrouverait seule. À la maison de retraite, elle serait toujours en compagnie. Et puis des médecins viendraient régulièrement la voir». L'auteur voit dans ces maisons un
monde de visages désincarnés : « un monde de transition avec la mort», c'est pour lui « La salle
d'attente de la mort ». Sa grand-mère ne supporte pas cette nouvelle vie et quand elle apprend que
son appartement a été vendu à son insu par ses enfants, elle ne le supporte pas et elle fugue. Le narrateur partira alors à sa recherche et fera la rencontre d'une jeune femme Louise qui marquera
le reste de son existence.
Ce roman est une réflexion sur le temps qui passe, sur la vie, sur nos choix et
immanquablement sur la vieillesse. Et avant d'en arriver là nous nous construisons des souvenirs fait de joies, de douleurs et de mélancolie.
Sous la plume subtile, une ironie légère et les souvenirs et le mémoire du narrateur et de ses personnages, le laps de temps entre la vie et la mort, prend forme.
La vie est faite de rencontres, de séparations, de disparitions, d'épreuves et la vieillesse arrive. Nos parents deviennent âgés, leurs parents meurent, le manque d'autonomie nous fait envisager
leur départ dans une maison de retraite qui est alors un autre univers qui infantilise peut-être. Avec la perte d'autonomie vient la dépendance.Nos grands-parents puis nos parents redeviennent
comme des enfants. La boucle est bouclée.
Le narrateur, ici nous offre ses pensées sur la filiation,
la place des enfants dans la famille, le couple, l'existence, la confrontation des générations, la rencontre amoureuse et la vieillesse. Aux travers d'un tas de souvenirs il nous parle avec
délicatesse et sensiblité.
Mais au delà de ça il évoque aussi le rallongement de l'espérance de vie (à n'importe quel prix) et les répercussions que cela a sur la qualité de vie.
Au moment de la mort de nos grands-parents ou de nos parents, les rôles s'inversent et c'est nous en général qui devons les aider à passer de l'autre côté.
J'ai été happée par la narration, simple mais non moins profonde. A chaque page
il se passe des évènements, parfois étonnants.
Des chapîtres relatant les souvenirs des personnages du livre ou de gens célèbres viennent s'ajouter aux autres; ce qui rend le roman singulier et poétique.
Il y a quelques annotations poussées mais subtiles sous forme de renvois de l'auteur en bas de certaines pages. Elles abordent le sens de la vie.
Les souvenirs sont dans le passé et non dans le futur. L'auteur parle très bien de la fuite, de la perte et de la tristesse de la vieillesse....en somme tout ceci ramène à notre propre
fin.
En se confrontant à la vieillesse des autres, on ne peut que penser à la nôtre. Mais il y a des manques, alors ce roman va nous aider à discerner la façon dont nous pouvons humaniser la vieillesse, de notre vivant, pour la rendre plus digne. Le narrateur lui travaille dans un hôtel. Il se dit que cette situation est propice à son envie d'écrire des romans et des nouvelles car il y a du passage dans les hôtels et travailler la nuit lui permet d'être au calme. Ainsi il va pouvoir écrire ce livre sur .....les souvenirs.
Avec cette écriture limpide, simple, légère, Foenkinos nous offre un roman magnifique. Il amène son expérience, ses joies, ses peines, décrit les épreuves, la maladie en général : tout ceci fait partie de la vie alors à nous de faire de ce passage les bons choix ou du moins ce que en quoi nous aspirons pour remplir notre existence de jolis souvenirs.
Précédemment j'ai lu de cet auteur, « La délicatesse » que j'avais beaucoup aimé.