Auteur : Irène FRAIN
Genre : Roman étranger / fait
réel
Éditions : Michel Lafon
Date : 2009
Nombre de pages : 371
ISBN : 978-2286051563
Quatrième de couverture :
Un minuscule bloc de corail perdu dans l'océan Indien. Cerné par les déferlantes, harcelé par les ouragans. C'est là qu'échouent, en 1761, les rescapés du naufrage de L'Utile, un navire français qui transportait une cargaison clandestine d'esclaves. Les Blancs de l'équipage et les Noirs de la cale vont devoir cohabiter, trouver de l'eau, de la nourriture, de quoi faire un feu, survivre. Ensemble, ils construisent un bateau pour s'enfuir. Faute de place, on n'embarque pas les esclaves, mais on jure solennellement de revenir les chercher. Quinze ans plus tard, on retrouvera huit survivants : sept femmes et un bébé. Que s'est-il passé sur l'île ? À quel point cette histoire a-t-elle ébranlé les consciences ? Ému et révolté par ce drame, Condorcet entreprendra son combat pour l'abolition de l'esclavage.
Mes impressions :
Ce livre est né de la rencontre entre Irène Frain et Max Guérot, lequel est capitaine de vaisseau et passionné d'archéologie. Ce roman est plus qu'un témoignage, il est une histoire vraie relatée qui pose les limites de l'humanité.
L’Utile, navire de la Compagnie française des Indes orientales part de Bayonne en novembre 1760. Lafargue en est le capitaine. Il y a 143 hommes . L'équipage fait une halte à Madagascar dans le but d'y trouver 160 esclaves de bonne constitution à des fins mercantiles. À la suite de cet arrêt le bateau reprend sa course mais à cause d'une erreur de navigation il fera naufrage sur une île. L'île de sable. Il y aura des rescapés, 122 membres de d’équipage mais aussi 88 esclaves présents dans la soute. Sauf que certains d'entre eux vont mourir de soif et de fatigue.
Lafargue ayant perdu la raison c'est Castellan le second du capitaine qui va prendre le commandement sur l'île. Les plus forts creuseront un puits qui leur donnera de l'eau à peine potable, tous se nourriront d'oiseaux et de tortues ainsi que des vivres récupérés sur l'Utile, puis Castellan décide de construire une prame avec les restes de l'épave de l'Utile pour pouvoir quitter l'île. Les esclaves donneront toute leur énergie pour aider à cette construction ; seulement au moment de la mise en eau le 27 septembre, seul l'équipage composé de blancs y montera avec la promesse faite aux « noirs » par Castellan qu'il reviendra les chercher avec un bateau plus grand. Mais malgré sa bonne volonté le gouvernement français ne va pas accepter sa requête.
Quinze année passent. Le 29 novembre 1773 les survivants sont repérés par deux fois, deux tentatives de sauvetage seront faites mais échoueront. En 1776 le chevalier de Tromelin, ira chercher les survivants : Il ne reste que sept femmes et un bébé de huit mois. L'île portera désormais le nom de celui qui a eu le courage d'aller chercher les naufragés. L'île Tromelin.
Dès le début du livre le lecteur est en face de la condition humaine qui est
l'entêtement, l'orgueil mal placé, les rivalités. L'espère humaine n'est guère glorieuse.
Keraudic et Herga deux écrivains présents sur le bateau racontent avec leurs mots comment s'est déroulé la traversée, le naufrage et la construction de la prame. Ce sont leurs écrits retrouvés
qui vont permettre de restituer à peu près comment cette histoire s'est inscrite dans l'histoire. Ils ont consignés dans des carnets de bords les données et ainsi ce livre est plus un témoignage
romancée qu'un véritable roman historique.
Le sort des esclaves n'apparait que vers la page 167 ; ce qui me paraît tard
L'auteur les évoque seulement sur quelques lignes, on dirait qu'Irène Frain les oublient, comme le font les membres de l'équipage blancs. Pour eux ils sont quantités négligeables.
Les esclaves noirs ne sont d'ailleurs pas considérés sauf quand il s'agit de compter combien d'eau chacun aura besoin pour survivre ou de l'aide susceptibles qu'ils pourront apporter lors de la construction de la prame.
Je m'attendais à un récit plus intense. Finalement aucun réel porte parole des esclaves ne s'est penché sur leurs sentiments et leurs souffrances. Même si c'est quelque part logique, je trouve que cela est un manque réel.
Il n'y a que le point de vue des blancs qui sont clairement explicites. Celui des
esclaves est occulté, ce qui amoindri de moitié leur dignité et le sentiments d'humanité à leur encontre.
Ils sont ainsi des laissés pour compte.
L'avantage est que les lecteurs se rendent compte combien ils ne font pas partie intégrantes des personnes à sauver et sincèrement, personnellement j'étais en colère et dépassée par ce récit.
Je pense donc que le sort de ces personnes noires et esclaves n'est que trop peu décrites. Dommage.
Par contre je trouve admirable le travail fournit par les personnes, archivistes, archéologues qui ont pu permettre de rendre public cet événement et surtout qui nous ont permis de nous faire une
idée de ce que les esclaves ont endurés pendant toutes ces années.
Un fois le livre finit je me sens triste parce que je déplore certains comportements, certains agissements d'hommes qui se disent humains mais qui ne le sont pas. L'humanité est parfois sombre et
l'injustice est fréquente.
J'ai trouvé le style au départ plutôt brouillon et le vocabulaire bien spécifique mais au fil de pages cela s'améliore même s'il reste quelques longueurs et le dénouement est fort émouvant.
Je le recommande pour ne pas oublier, et pour que ces hommes et ses femmes restent dignes et méritants dans le souvenir. De plus les personnes qui ont été touchée par cette histoire ont espéré et
œuvré en faveur de l'abolition de l'esclavage. Ce qui est une grande avancé dans l'humanité.
Vous trouverez d'autres éléments sur cette histoire, des photos et des vidéos, ICI.