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19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 10:07

 

Le roman de l'été

 

Auteur : Nicolas FARGUES

Genre : Roman contemporain
Éditions : Folio
Date : 2009

Nombre de pages : 320

ISBN : 978-2070440627

 

Quatrième de couverture :

 

Pas facile, a 55 ans de se mettre à la littérature. Surtout par un si beau soleil dehors. Et votre fille qui annonce qu'elle amène une copine italienne pour les vacances. Sans compter les voisins d'en face, qui, dès que vous décidez enfin à prendre la plume face à l'océan, voudraient vous faire comprendre que tout ce qu'ils demandent, c'est une vue sur la mer eux aussi.

 

Mes impressions :


John a 55 ans ; il est un homme blasé ou presque qui n'a autre activité que celle d'avoir envie d'écrire un roman. Il s'y met difficilement car avouons le, il n'est pas trop inspiré Quelques unes de ses idées serviront de trames au roman et aux grandes idées que veut développer Nicolas FARGUES.

Mary la fille de John qui vit à Paris lui annonce qu'elle va venir lui rendre visite avec son compagnon Hubert et une récente amie Italienne pour passer des vacances avec lui dans le Cotentin.
John vit dans une villa ; il n'est pas en très bon terme avec le couple que forme ses voisins, Jean bientôt retraité des chantiers navals et Claudine sa femme. Frédéric leur fils, marié à Élodie, est employé à la SOREDA, une usine de retraitement de déchets nucléaires de la région. D'ailleurs il sera même invité à accompagner des jeunes en difficulté pour un projet de réinsertion. Il connait Mary avec laquelle il a eu une aventure à l'adolescence.
Tous ont des ambitions très différentes.Ce roman est truffé de malentendus, de quiproquos qui provoquent de l’incommunicabilité entre tous.
Nicolas Fargues nous parle d'espoirs déçus, de petitesse, d'apparences souvent trompeuses, d'amours déçues, de vieillesse, tout cela avec un sens critique aiguisé ; il laisse les lecteurs à leurs réflexions sur les classes sociales, le chocs des cultures, mais aussi sur les grands thèmes des partis politiques, qui se veulent être opposés mais qui au final se confondent ou presque.

Il n'hésite pas donc à s'engager sur le terrain politique : il évoque le racisme, l'intégration, l'environnement.
Nicolas Fargues à mon sens semble vouloir toucher un maximum de personne avec ce livre.
Il y a les Parisiens et les autres, ceux des souches plus modestes ; lesquels sont les plus à plaindre ?
Sans cesse Fargues confrontent nos idées et nos idéaux, pour cela il met en scènes des personnages de souches différentes, avec leurs tics de langages, leurs expressions bien particulières et des locutions qui reflètent la société elle même. Un langage parler; sans concession.
Il parle de faiblesse, de déception, d'amertume, de mesquinerie mais laisse entrevoir de la tendresse dans ses personnages qui finalement ne savent pas vraiment ce qui leur arrive. Sont-ils condamnés à ne pas évoluer ?

Les stéréotypes viennent compléter ses idées avec des phrases bien cernées et riches de sens.
J'ai beaucoup aimé la construction de ce roman. Les premiers chapitres nous décrivent les personnages indépendamment puis ils se retrouvent s'entrechoquent dans des chassés croisés et leurs histoires personnelles, s'entrecoupent.

L'auteur nous laisse des indices sur la société actuelle, contemporaine et ses travers aussi bien dans son fonctionnement que dans les personnages.
Notre société est dépeinte avec clairvoyance dans laquelle malheureusement l'apparence y a une grande place.
J'ai adoré le passage sur la description de Facebook entre John et Bénédicte, ancienne amante qui vient le retrouver pour passer un week-end. Bénédicte trouve ce système très intéressant alors que John le déplore. (voir page 134-135)

Je cite :

- « t'es sur facebook toi ? -

- Facebook répéta John ? […] Je vois très bien ce que c'est [...]...mais c'est pas pour moi ce genre de chose.

- Parce qu'il y a un âge pour avoir des amis ? […] S'offusqua Bénédicte ?

- Amis mon cul, maugréa froidement John. Vertige existentialo-narcissique, oui. Tu sais comme moi que c'est pour baiser qu'on s'inscrit sur Facebook. C'est un Meetic qui dit pas son nom c'est tout. Et puis la culture « regardez comme je suis sociable : j'ai 357 amis », cette indécence à se mettre en scène, à prendre des poses de magazine de mode sur les photos de soi, à tenir au courant le monde entier qu'on vient d'aller pisser, d'étaler des goûts artistiques faussement audacieux, à pointer sur une carte du monde tous les lieux qu'on a visités, toute cette niaise dictature du parfait citadin-citoyen du monde, je suis peut-être vieux jeu mais non merci, quelle comédie. Ma solitude je préfère l'assumer seul […]

 

Le style de l'auteur est très agréable. L'écriture est précise et les descriptions nous font baigner dans cette atmosphère qui cache la réalité ou du moins celles que les personnages essaient de ne pas rendre visibles.
Les personnages sont tous très bien décrits et illustrés et certains même sont attachants.

Un roman frais, léger qui dépeint une société et des intrigues familiales, professionnelles, avec un humour incisif. En somme il est une comédie sociale satirique.

Un roman pour l'été rafraichissant mais qui nous interroge et qui peut être dérangeant même si au premier degré il est sans prétention.
J'avais lu de cet auteur, « J'étais derrière toi », que j'avais beaucoup aimé. Ici « Le roman de l'été » est très différent mais très intéressant.


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commentaires

G
<br /> Voici un livre qui me tente beaucoup, que j'ai tenu dans mes mains et remis dans le rayon, juste par une soit disant raison et petite voix qui me disait : tu as encore 108 livres chez toi !<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Alors dis-toi que tu en auras 109 après un petit tour chez ton libraire !<br /> Je plaisante mais bon il ne faut pas se mettre la pression et lire pour le plaisir.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> L'histoire a l'air pas mal et ton avis plutot positif alors pourquoi pas!<br /> J'aime ta citation sur Facebook!<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Oui pourquoi pas ???<br /> Le passage sur Facebook je l'ai aimé aussi parce qu'il reflète ce que je pense de ce réseau que je ne fréquente pas ... <br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> La couverture donne envie d'y être déjà, mais le résumé est un peu court.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Oui il n'est pas représentatif du contenu, c'est pour cela que je l'ai développé, plus longuement.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> tu me donnes vraiment envie de le lire; Je me souviens avoir lu sur ton blog ta critique de 100 pages blanches au moment ou je le lisais. Je publie demain moi même mon point de vue à son sujet. A<br /> bientôt<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Non je n'ai pas présenté le livre dont tu parles . Est-ce que le titre est "100 pages blanches" ?.<br /> J'aime cet auteur alors sans doute que je lirai d'autres romans de lui.<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Je ne connais pas l'auteur; ce que tu dis de l'histoire, au début, ne me donne pas envie de la lire. Ensuite, tes impressions suivantes me semblent beaucoup plus positives.<br /> Un auteur à suivre de près, alors?<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Oui je pense ! enfin moi j'aime parce qu'il a un style que j'adore ! Il semble être une personne sensible et cela transparait dans ses écrits...<br /> <br /> <br /> <br />