Auteur : Christian LABORIE
Genre : Roman
Éditions : Le livre de poche ( Terre de poche, De Borée)
Date : 2007
Nombre de pages : 508
ISBN : 978-2844-944849
Quatrième de couverture :
Ruben se passionne pour les chemins de fer naissants.
Pour ses 12 ans, son père lui offre son premier voyage en train. Au cours du trajet, il rencontre un mystérieux personnage qui le subjugue : Paulin Talabot, le grand initiateur des chemins de fer
français. Quelques mois plus tard, ses parents recueillent une fillette, Marie. Ils grandissent côte à côte, comme frère et sœur. Avec les années, Ruben s'éprend de Marie, qui refuse de lui
accorder son amour.
Attristé par ce refus, Ruben décide de quitter le mas familial. Le jour de ses 20 ans, en 1864, contre l'avis de son père, il se fait engager sur les chantiers de chemin de fer. Commence pour
Ruben une vie faite de rencontres, d'amour, de dangers et de révolte. Une vie qui lui fait côtoyer un jeune ingénieur, des camarades ouvriers, cévenols et étrangers, des "rouges" qui tentent de
l'entraîner dans la contestation politique.
Du rêve à la réalité, le jeune Ruben saura finalement faire la part des choses, mais au prix de certains sacrifices.
Mes impressions :
Au crépuscule de sa vie, Ruben se souvient... À 20 ans il est parti aider à la construction des
lignes de chemins de fer par désir de voyager mais aussi pour faire fortune et encore pour oublier Marie.
En 1856 dans les Cévennes vit une famille de paysan. Il y a Abraham le grand-père, Zacharie le père, Félicie la mère, Samuel le fils aîné, Ruben et Sarah.
Tout jeune, Ruben s'intéresse aux journaux que lisent son père et son grand-père. Il lit les nouvelles du monde et de la ville, il s'imagine alors que la ville est bien plus intéressante que la
vie au Mas.
A Falguière, là où il vit il y a 2 familles rivales qui se disputent les terres, l'une est catholique les Montardier et l'autre protestante les Jalabert; la religion tient une place importante dans cette œuvre. L'auteur s'y arrête souvent pour montrer le clivages de ses deux grandes tendances religieuses que sont le catholicisme, le protestantisme.
A 12 ans pour son anniversaire, le père de Ruben l’amène à la ville en train et là il découvre un
univers qui l'attire...
De retour la veille de Noël, la famille offre l'hospitalité à une femme et une petite fille Marie. La mère cherche du travail, elles n'ont pas de domicile et la petite n'a pas de père. Toutes les
deux sont errantes et la famille par charité religieuse accepte de les héberger quelques jours le temps que la mère trouve un emploi mais au matin celle-ci a disparaît laissant Marie aux bons
soins de la famille.
Alors que les préceptes religieux et les croyances divisent les Cévenols. Les Lapierre ne prennent pas en considération les différences, puisque Marie est Catholique et eux sont protestants; cela
ne les empêchera pas de l'aimer comme leur fille et/ou sœur. Les années passent et la petite fille grandit et s'attache à cette famille qui l'aime. L'amitié que Ruben se découvre pour elle, se
transforme en sentiments amoureux; mais Marie affolée ne sait plus quoi penser alors par dépit et douleur Ruben décidera de quitter la sphère familiale pour aller travailler à la construction du
chemin de fer et enfin accéder à son rêve de conduire les locomotives.
Mais le chemin est long et ne se fait pas sans douleur.
Le roman est complété par de nombreuses références historiques et politiques. Les tendances révolutionnaires sont vivaces entre les ouvriers et Napoléon III.
La création des syndicats et le droit de faire grève viennent perturber la bonne marche du travail sur la voie ferrée, puisque les revendications sont nombreuses.
La montée du peuple qui se veut défenseurs de ses droits acquis est de plus en plus virulente.
Les idées politiques divisent les travailleurs et les paysans.
Ruben tente de se rallier a un parti qui prône la république comme seul véritable régime démocratique mais il sera très vite déçu.
Ruben est persévérant et déterminé mais il ira de déception en déception, les désillusions seront nombreuses.
La psychologie des personnages tient une place importante dans l’œuvre de Laborie.
Elle est fort développée et c'est aussi ce qui m'a plu. Les lecteurs sont impatients de connaître le dénouement pour chacun des personnages.
L'auteur amène les lecteurs dans son univers agricoles, des campagnes, etc...Les descriptions sont dosées, détaillées juste ce qu'il faut pour s'imprégner de l'ambiance sans l'alourdir par des
détails inutiles.
Les lecteurs baignent dans ce paysage des Cévennes.
L'écriture est fluide, belle, précise, révélatrice de l'amour du labeur. Le monde paysan est magnifiquement dépeint, comme la dureté du travail mais pas seulement. L'auteur y parle aussi de la méfiance des anciens et de leur sévérité face au progrès et à l'ouverture sur le monde grâce aux chemins des fers. Les anciens sont attachés aux traditions mais le progrès va amener des idées nouvelles qui vont faire progresser la société non sans difficultés.
Ce roman du terroir authentique est aussi une belle histoire d'amour, d'amitié, de valeurs morales mais aussi de doutes et de trahisons.
La fin me paraît précipitée et un peu brutale ce qui peut laisser les lecteurs déçus.
Une très belle saga racontée avec justesse et émotion.
À lire !
Vous trouverez également sur ce blog, "Les sarments de la colère" du même auteur.