Auteur : Michèle HALBERSTADT
Genre : Roman
Éditions : Albin Michel
Date : 2011
Nombre de pages : 148
ISBN : 978-2286082406
Quatrième de couverture :
« J'ai douze an et ce soir je serai morte. »
Méfiez-vous des enfants sages...
Mes impressions :
En lisant la présentation de ce livre chez Yv , j'ai été tentée de le rajouter dans ma LAL et j'avoue ne pas avoir été déçue.
Le sujet m'interpelle et la thématique parle au plus profond de moi.
Le début assez sombre est celui-ci :
« J'ai douze ans et ce soir je serai morte.
Ce matin, j'ai vidé les tubes de somnifères et tous les médicaments que maman range en haut du placard de la salle de bains pour éviter qu'on y touche. Il m'a fallu cinq grands verres d'eau pour
tout avaler. Ensuite, j'ai mangé une tartine, bu mon jus d'orange, et je suis partie à l'école.
Je n'ai rien dit à personne. Je ne suis ni abattue, ni surexcitée. Je me sens sereine, comme on l'est quand on fait ce que l'on a vraiment envie de faire. Et moi, j'ai envie de
disparaître. »
La parenthèse est ouverte.
La suite consiste alors en la narration de ce qui a amené cette petite fille à vouloir tenter ce geste irréparable et à mettre fin à ses jours.
Elle décrit la relation à ses parents assez froide, des bourgeois qui s’occupent peu de leurs filles mais qui veillent à ce qu'elles ne manquent de rien.
Elle vit dans l'ombre de sa sœur aînée, qui elle a la beauté et l'intelligence qu'elle n'a pas. En effet, elle ne se trouve pas jolie et inintéressante.
Elle parle aussi de sa relation particulière et intense avec son grand père maternel qu'elle affectionne mais qui est mort prématurément. Lui parti, elle ne sait pas qui va l'aimer parce qu'il
était le seul à la comprendre à l'entendre.
Tout en s'isolant, elle s'invente une amie imaginaire, Laure afin de trouver une oreille attentive.
À l'école elle est seule, n'a pas vraiment d'amies sincères ; ses professeurs dans des phrases assassinent comme « ne vaut pas sa sœur ; Nous fait regretter son aînée » lui font douter d'elle même. Elle est en partie rejetée « Je construisais mes jours comme un abri. Je me nourrissais de l'imaginaire des autres ». Alors elle se renferme sur elle même, dépérit. Elle se sent différente, exclue « Être ou ne pas être comme tout le monde . Fallait-il choisir son camp pour cesser d'être « la petite » et
grandir enfin ? » Alors elle pense à son grand-père, « À quoi bon vivre quand on craint à ce point d'être soi-même » ; « Ce soir là, en
éteignant la lumière, j'ai pensé pour la première fois qu'il serait doux de le rejoindre ».
Elle dit aussi que son grand père lui avait laissé deux anges gardiens, en les personnes de ses deux meilleurs amis. Sans eux, qu'elle voient très rarement une deux fois par an aurait-elle eu envie de continuer si longtemps ?
Elle aime somme toute la presse, les livres et la musique, ses deux passions mais
elle n'a plus personne avec qui les partager . « Un livre raconte la vie de ceux qui ont une
place dans le monde ; je pensais qu'ils m'aideraient à trouver la mienne ». Elle dit de la
musique qu'elle est son « oxygène ».
Puis fin de la parenthèse, elle se réveille à l'hôpital dans des draps blancs ; avec un sentiment confus, elle s'est ratée. Et elle se demande si elle doit se laisser une seconde chance
« Comment font-ils ? Qu'est ce qui les pousse à
avancer »
Son acte l'a faite grandir, elle se réveille avec un autre état d'esprit, elle
s'éveille enfin à la vie, « Ma vie elle dépend de moi, pas des
autres ». Cette pensée agit comme un électrochoc, une prise de conscience.
Pourtant tout au long du livre on sent que cette petite fille est malgré tout pleine de ressources qui ne demandent qu'à éclore, sortir d'elle, et se révéler.
Elle finira par faire une richesse de ses différences et de ses faiblesses.
Elle renait, prend confiance en elle, l'avenir (la venir) est devant elle ; grâce à un psychologue qui l'entend, et la comprend elle parvient à faire des choix, elle est guidée. Se nourrit de de projets.
Ce livre pose la question suivante est-ce que c'est cela être adulte, est-ce prendre conscience de la fin des illusions ?
Il se lit très vite, avec une écriture légère sur un sujet grave j'ai trouvé que
l'auteur se positionne dans l'âme de la petite fille pour être plus crédible aux yeux des adolescents.
Cette petite fille m'a fait penser à moi par bien des côtés et je pense que c'est cela qui m'a fait apprécier cette lecture.
Parfois les auteurs prennent ce genre de thématique pour attirer les lecteurs et augmenter leur chance d'être lus mais ici j'ai trouvé que ce livre est un message d'espoir ; une leçon de vie
et de courage.
Le passage à l'âge adulte ne se fait pas toujours dans la joie mais dans la douleur.
Ce mal de vivre caractéristique, tout le monde peut le ressentir à un moment donné de son existence et certaines de nos rencontres peuvent nous sauver la vie alors ouvrons l’œil.
Même si ce sujet a été longuement visité en littérature, je crois que ce livre vaut la peine d'être lu.
Merci Yv de me l'avoir fait découvrir.