Auteur : Yves VIOLLIER
Genre : Roman
Éditions : Pocket
Année : 2011
Nombre de pages : 211
ISBN : 978-2266204538
Quatrième de couverture :
Marie n'a rien vu venir. Quand son fils Simon est revenu d'Haïti, très affaibli par la malaria, elle n'a pas mesuré son malaise. Dévasté par la misère et la violence qu'il a rencontrées pendant sa mission humanitaire, rongé par l'impuissance et la culpabilité de ne pas avoir pu faire plus, Simon a sombré. Jusqu'à vouloir commettre l'irréparable. Bouleversée dans son rôle de mère, ébranlée dans sa foi, Marie doit se reconstruire. Une épreuve qui va changer sa vie.
Mes impressions :
Un vrai coup de cœur pour moi que ce roman dense et tellement émouvant.
À sa lecture, je l'ai trouvé d'une rare intensité.
Je ne vais pas détailler le contenu (explicite juste ce qu'il faut en quatrième de couverture) parce que ce serait vous en priver et dévoilerait trop de l'histoire ; alors je vais sans
doute être confuse en m’efforçant de taire les principaux évènements qui ont lieu jusqu'à la dernière page.
En résumé, ce roman parle d'un mère qui travaille au sein de la JOC et de son fils parti puis revenu d'une mission humanitaire.[La JOC est une association
qui œuvre à l’insertion des jeunes dans la société et dans la vie. Depuis plus de 80 ans, elle propose aux jeunes de se rassembler et leur offre les moyens concrets de mettre en œuvre des projets
qu’ils auront eux-mêmes définis. Animée par les jeunes eux-mêmes (une JOC "avec, pour et par des jeunes"), la JOC lutte contre leur exclusion et vise à favoriser leur autonomisation en
développant des solidarités actives. Sources Wikipedia].
Les nombreuses références aux
convictions et croyances de Marie finissent par être redéfinies.
Je précise que les personnes athées ne risquent pas d'être chagrinées par ces références puisque derrière les croyances Chrétiennes se cachent le reflet de valeurs humaines, sociales mais aussi
personnelles d'ailleurs la philosophie qui s'en dégage nous pousse à la réflexion.
J'ai été transportée par les deux personnages principaux.
Nous pouvons facilement nous identifier à chacun d'eux. La mère m'a bouleversée et le fils m'a affectée.
Simon et Marie s'aiment, je dirai même qu'ils sont fusionnels. Lui veut ressembler à sa mère, être autant persévérant, aimant, efficace ; Elle, s'apercevra trop tard que derrière ce fils
sensible à la douleurs des plus pauvres se dissimule une souffrance existentielle.
Simon et Marie sont vrais, empathiques et naturels.
Ils se sont perdus mais se retrouvent après des épreuves et ils ne seront jamais plus comme avant.
Il y a un avant Haïti et un après ; pays où Simon choisit d'aller pour apporter son aide et dont il revient malade et affaibli.
Les autres personnages qui les entourent sont autant sincères et présents donc tout autant attachants parce qu'ils sont entiers.
On sent toute l'ampleur des malaises de tous à travers les mots et les
subtilités.
Mais pourtant tous s'accrochent à un espoir infini.
Seulement parfois leur faiblesse les rattrape mais ils continueront de s'entraider et surmonteront leur peine.
L'auteur qui est un homme, décrit pourtant au plus juste et avec une grande sensibilité les ressentis de Marie. J'en suis étonnée. Il parvient à se mettre dans sa peau et dans son âme ; il
éprouve à la perfection les douleurs d'une mère dont le fil est écorché par la vie et par ce qui l'a vécu.
Le style donne cette impression d'une narration qui manque de souffle, certaines
phrases sont hachées comme la vie qui habite les personnages ; à l'image de leur peur, leur crainte, leur envie, leur doute mais aussi face à la culpabilité de Marie à qui on reproche de
s'occuper plus des autres que de son fils.
Parce qu'elle travaille pour les jeunes des JOC, elle donne de son temps et de son énergie à ceux qui se cherchent, en proie à de réelles difficultés personnelles et familiales qui souffrent et
ne comprennent pas toujours la vie et la société qui les entourent.
La JOC offre aux jeunes des espaces pour se rencontrer, s’exprimer, débattre et
agir ensemble. En dispensant des formations, en donnant accès à l’information et en favorisant la réalisation de projets personnels ou collectifs, la JOC donne à chacun les moyens de devenir
acteur de sa vie.
Marie travaille et anime ces rencontres. Elle se donne à fond pour offrir à ces jeunes un lieu d'écoute et de partage.Nous prenons part à sa détermination.
Dans un langage clair, elle nous parle des difficultés de vivre, de trouver sa place dans une société qui est de plus en plus compliquée.
Mais l'amitié, l'amour seront une source inépuisable de réconfort et de force
même si parfois elles sont peu perceptibles et susceptibles de venir en aide à cause des enjeux de la société.
Ce livre décrit finalement la perte puis la rencontre et les retrouvailles entre
une mère et son fils, deux solitudes, deux forces. Il parle de la foi en général et de la foi Chrétienne en particulier. Puis de la défaillance de cette même foi, rattrapée par le réalité, puis
de l'espérance à nouveau....
Marie et Simon vont rebondir, grâce aux autres, grâce à l'amour.
Comme les tournures imprévisibles, tous deux vont aller au bout de leur rêve et de leurs souvenirs.
Même si leur père et mari Abi n'est plus là physiquement il continue de vivre dans le souvenir et par le sentiment d'une présence « Il n'y a pas si longtemps on aurait dit la veuve Gendreau. Elle ne se sentait pas veuve. Elle avait la conviction d'une présence. C'était très fort. Ils jouaient une partie de cache cache. Elle lui parlait. Il lui répondait à sa façon. »
Voici quelques extraits :
« Elle n'est pas capable de bouger quand les autres se lèvent. Reste collé à sa chaise. Figée, pâle sans doute. Clause s'en aperçoit en célébrant, la surveille. Est-ce qu'elle ne devrait pas s'agenouiller avec le grand jeune et se révolter à son tour : »Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonnée . Des millions d'hommes et de femmes, partout dans le monde, dans les hôpitaux, dans la rue, chez eux à chaque instant, sont terrassés comme elle par des souffrances, des maladies, des accidents. Ils tombent et n'ont pas la force de se relever. Et se relèvent quand même »
Marie dit des médecins qui condamnent son fils « Leur ignorance est aussi grande que leur connaissance ».
Sur la difficulté de vivre « La vie c'est comme un oignon qu'on épluche. Ça finit toujours par
des larmes »
Sur les doutes et leur ultime voyage à bord de leur bateau le Simon-Marie « Simon s'active. Pas besoin de paroles. Les regards suffisent.Quand elle se met debout au vent après les dernières bouées du chenal, il hisse la grand-voile. Ils sont sortis souvent ces dernières semaines. Il lui a dit comme ça en hissant le foc :
-Pour moi, tout ça, c'est une chance. Excuse, mam j'en serais pas là si ça
n'était pas arrivé …
Il était accroché à la drisse, les jambes pliées.
-C'est ma force...
Elle se demande si elle aussi n'est pas enfin en train de quitter son
enfance. Elle n'est sûre de rien, doute de tout. La nuit des entrailles du poisson n'est plus aussi effrayante. C'est dans la nuit des entrailles que le miracle de la vie s'accomplit. Elle va
vivre avec et faire confiance »
Conclusion : Lisez ce livre, il est à lui tout seul un grand message d'espoir et une belle leçon de vie et de courage.
Vous en ressortirez troublés.